ès de Villes-sur-Auzon (Photo : Anne-Christine Poujoulat) |
[09/02/2011 09:52:02] VILLES-SUR-AUZON (Vaucluse) (AFP) Tout a commencé par un billet sur le blog d’un vigneron annonçant la fin de son activité: un mois plus tard, la blogosphère, Facebook et Twitter se sont emparés de l’information et Olivier B., installé dans le Ventoux, reprend espoir: “c’est peut-être ma dernière chance de continuer”.
1er janvier: “c’est avec peine que je viens vous annoncer ici la disparition lente d’Olivier B.” C’est par ces mots surmontés d’une photo représentant une croix formée par des bouteilles de son vin (Les Amidyves), sur laquelle a été posé son chapeau fétiche qu’Olivier annonce aux quelques dizaines de personnes lisant son blog (http://vigneronajt.centerblog.net) qu’il a décidé de tout arrêter.
Trop de dettes, de soucis, et une impasse amoureuse. “Tout ça se mélange, j’en peux plus et là, je dis: j’arrête, rideau, j’ai plus le courage”, raconte-t-il à l’AFP, dans son petit local de vente directe, à Villes-sur-Auzon.
Dès le billet posté, des blogueurs spécialisés (oenos.net, vindicateur) lancent le débat: à quoi servons-nous ? Nous chroniquons des vins, nous aimons et faisons aimer, mais nous ne sommes pas capables d’aider un vigneron à sortir la tête hors de l’eau.
La machine s’emballe, ça “twitte”, d’autres blogueurs rentrent dans la danse: “miss glou glou” qui chronique des vins sur le monde.fr, Wicky Wine… “Ca devient du délire”, rigole Olivier.
Son blog qui attirait 4 à 500 visites par mois explose: 2.802 en janvier! Et en une semaine, en février, le blog du vigneron “AJT” (“à jamais, pour toujours”) en est déjà à 1.020 visiteurs.
Les messages venus de la “bloglouglousphère”, comme il l’appelle, sont tous du même tonneau: “tiens bon”, “ne craque pas”, “il faut s’accrocher”…
Olivier leur répond: “L?intégriste anti web que j?étais dans les années 2000 ne peut aujourd?hui que dire un grand merci à la toile!”
ès de Villes-sur-Auzon (Photo : Anne-Christine Poujoulat) |
Le vigneron prend au mot ces messages de solidarité, guidé par un pressentiment: “je me dis que c’est peut-être la dernière chance que j’ai de continuer à faire ce métier, je n’ai envie de rien faire d’autre que ça”.
De nouveau, la communauté répond. Des commandes de vins sont passées tant par les particuliers que les professionnels, une souscription est lancée pour l’achat d’un hangar.
En deux semaines, Olivier a vendu pour 20.000 euros de vin. De quoi respirer un peu. Mais la route est encore longue: découvert bancaire, retard de paiement des fournisseurs, cotisations à la Mutualité sociale agricole, disparition programmée du hangar, guetté par un acheteur potentiel.
“Ils me sortent un peu de la merde”, souligne le vigneron mais de là à repartir au combat, la décision n’est pas encore prise: Olivier confie être “dans le flou”.
“Faire du vin qui plaise, qui donne le sourire aux gens, ça se fait avec du ventre, du coeur, explique-t-il. Je le vis avant d’en vivre, j’aimerais bien que les deux se rejoignent à un moment”.
Pour le vigneron, isolé dans son splendide coin du Vaucluse, “ce qui est impressionnant c’est la vitesse”.
Et puis, remarque-t-il, “on a inversé la diffusion de l’info, les médias classiques, normalement, donnent l’info, la relaient et ensuite on en parle sur internet. Là, d’un coup, le truc a basculé dans l’autre sens”.
Olivier, touché par la websolidarité, compte bien aller à la rencontre de ses amis “virtuels” au cours d’une “bloglougloutournée”, un Tour de France de remerciements ou, qui sait, d’adieu, pour “simplement boire un coup”…