est de Riyad, le 23 juin 2008 (Photo : Marwan Naamani) |
[09/02/2011 14:31:24] LONDRES (AFP) Les réserves de pétrole de l’Arabie saoudite, en raison d’estimations surévaluées, pourraient s’avérer insuffisantes pour éviter à terme l’envolée des cours du baril, selon des documents diplomatiques révélés par le site WikiLeaks et publiés mercredi par le quotidien The Guardian.
Selon un de ces télégrammes diplomatiques américains, daté de décembre 2007, Sadad al-Husseini, ancien responsable de l’exploration de la compagnie nationale saoudienne Aramco, a indiqué à des diplomates en poste à Ryad que l’Arabie saoudite avait exagéré le niveau de ses réserves.
Alors qu’Aramco aurait annoncé détenir des réserves totales de 716 milliards de barils, M. al-Husseini avait “réfuté cette analyse”, estimant ces chiffres “surévalués de 300 milliards de barils”, les réserves réelles étant donc de 40% inférieures, selon le câble diplomatique.
Interrogé par l’agence Dow Jones Newswires, Sadad al-Husseini a cependant affirmé mercredi avoir été mal cité par les diplomates américains, affirmant “n’avoir aucun doute sur l’exactitude des chiffres officiels publiés par Aramco”.
L’Arabie saoudite possède des réserves prouvées de pétrole de 265 milliards de barils, selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), ce qui les place parmi les premières de la planète.
Le chiffre de 716 milliards de barils évoqué dans le câble américain correspond “au total du pétrole présent dans le sous-sol” saoudien, y compris les hydrocarbures non exploitables, a précisé à Dow Jones M. al-Husseini.
“Une fois que la moitié des réserves prouvées aura été exploitée, un fort recul de la production s’ensuivra, qu’aucun effort ne sera capable d’endiguer”, avait également déclaré aux diplomates américains l’ancien responsable d’Aramco, pour qui ce tournant pourrait intervenir d’ici 2020, d’après les télégrammes cités par le Guardian.
“Il est possible que les Saoudiens n’aient pas des réserves aussi florissantes que ce qu’on estime parfois. Ensuite, le calendrier pour (accroître) la production n’est pas aussi librement modulable que ce qu’Aramco et les optimistes aimeraient faire croire”, commentaient les diplomates.
“Nous nous demandons si les Saoudiens ont encore le pouvoir de faire descendre les cours mondiaux du brut sur une période prolongée” en augmentant rapidement leur production en cas d’envolée des prix, insistait un autre câble américain révélé par WikiLeaks, envoyé de Ryad en juin 2008.
Toujours selon les documents de WikiLeaks, M. al-Husseini avait par ailleurs estimé en 2007 qu’Aramco serait incapable d’atteindre en 2009 la capacité de production totale de 12,5 millions de barils par jour (mbj) qu’elle visait alors, manquant des infrastructures nécessaires, et qu’il lui faudrait dix ans pour atteindre ce niveau.
Or, selon l’Agence internationale de l’Energie (AIE), l’Arabie Saoudite atteignait cependant en décembre 2010 une capacité de production totale de 12,10 mbj.