Waël Ghonim, un inconnu propulsé icône de la “révolution Facebook” en Egypte

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é internet, le 8 février au Caire (Photo : Khaled Desouki)

[09/02/2011 15:05:46] LE CAIRE (AFP) Le cybermilitant Waël Ghonim, cadre dynamique chez le géant de l’internet Google, a fédéré des centaines de milliers d’opposants au président Hosni Moubarak grâce à Facebook au point de devenir une icône de la jeunesse égyptienne.

Allure de jeune premier, teint hâlé, lunettes d’intello et regard brillant, Waël Ghonim, 37 ans, avait créé une page sur le réseau social Facebook appelant à descendre dans les rues le 25 janvier pour demander la chute du régime de M. Moubarak.

Entre le président âgé de 82 ans et des millions de jeunes Egyptiens, le courant ne passe plus. Et dans la foulée du soulèvement populaire en Tunisie, les internautes ont paraphrasé Barack Obama: “Oui, nous le pouvons (‘yes, we can’).

Waël Ghonim, chef du marketing de Google pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, marié, établi à Dubaï, aux Emirats arabes unis, était rentré au Caire peu avant les premières manifestations géantes exigeant le départ du chef de l’Etat.

Deux jours plus tard, il a été arrêté et remis aux très redoutés services de sécurité d’Etat, une force de police spéciale.

Waël Ghonim, lui, a été libéré lundi après douze jours de détention, les yeux bandés, bombardé de questions par les autorités qui le soupçonnent d’être un “agent” de puissances étrangères.

Mardi, le jeune cadre a fendu la foule et fait une entrée triomphale mardi sur la place Tahrir, devenue à l’issue de heurts meurtriers avec la police la symbole de la “révolution populaire” que les manifestants ne quittent plus.

“Je suis venu ici pour voir Waël, nous l’attendons tous”, a lancé Abdelrahmane, un jeune manifestant qui écoutait les orateurs se succéder à l’arrivée de la star du jour.

“Je ne suis pas un héros, vous êtes les héros, c’est vous qui êtes restés ici sur la place”, a lancé le jeune homme aux manifestants. “J’aime à appeler ça la révolution Facebook mais après avoir vu les gens ici, je dirais que c’est la révolution du peuple égyptien”, a-t-il ajouté.

A côté de lui, la mère Khaled Saïd, un jeune homme tué en juin par la police à la sortie d’un café internet d’Alexandrie (nord).

Il a révélé qu’il était l’administrateur, jusqu’à présent anonyme, de la page Facebook “nous sommes tous Khaled Saïd”.

Lorsque la chaîne a diffusé des images de “martyrs”, des jeunes tués pendant les manifestations, le jeune homme, bouleversé, s’est effondré.

“Je veux dire à toute mère, tout père qui ont perdu un fils, je m’excuse, ce n’est pas de notre faute, je le jure, ce n’est pas de notre faute, c’est de la faute de toute personne qui était au pouvoir et s’y est accrochée”, a-t-il gémi en sanglotant, la tête rentrée dans les épaules.

Le jeune homme évite toutefois les médias traditionnels, préférant communiquer directement avec ses fans via les réseaux sociaux.

Sa page Facebook comptait 90.000 “fans” avant sa libération, elle en a aujourd’hui plus de 220.000.

Le licencié en informatique de l’Université américaine du Caire, aussi détenteur d’un MBA, est aujourd’hui propulsé au firmament de la contestation égyptienne, constellation de jeunes démocrates, de laïcs, d’islamistes tous unis pour faire tomber le régime de M. Moubarak.

Le pouvoir a initié un dialogue avec l’opposition, mais les jeunes de la place Tahrir refusent d’y participer et ne se sont pas, du moins encore, dotés d’un chef.