Sanofi, Roche, Merck : les visiteurs médicaux mobilisés contre des coupes drastiques

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ège de Sanofi-Aventis à Paris, le 30 juin 2009 (Photo : Eric Piermont)

[09/02/2011 17:14:04] PARIS (AFP) Des visiteurs médicaux de Sanofi-Aventis se sont mobilisés mercredi à Paris, comme l’avaient fait la veille leurs collègues de Roche et Merck, contre des coupes drastiques dans leurs effectifs, une situation qu’ils opposent aux bénéfices annoncés par les laboratoires.

“La réalité aujourd’hui pour les salariés, c’est d’un côté de nouvelles réductions de postes et d’un autre des profits énormes”, a avancé Thierry Bodin, coordinateur CGT chez Sanofi-Aventis, lors d’un rassemblement devant le siège parisien.

Dans la matinée, le groupe avait annoncé des bénéfices nets de 5,5 milliards d’euros en 2010.

Sanofi-Aventis, comme ses concurrents, a déjà fait des coupes claires dans les effectifs de la visite médicale: 927 postes supprimés en 2008, 504 en 2006.

Un nouveau plan annoncé en décembre vise 917 postes, dont 260 sont déjà vacants et 81 feraient l’objet d’un transfert en interne.

Environ la moitié des quelque 575 salariés dont le poste est supprimé devrait pouvoir bénéficier d’une cessation anticipée d’activité à partir de 55 ans (avec 70% du salaire brut). “Mais les autres? “, interroge Arnaud Battefort, coordinateur CFDT.

Le groupe français justifie les suppressions de postes par la concurrence accrue des génériques, ainsi que par la volonté des gouvernements de réduire les dépenses de santé.

Après avoir atteint un pic d’environ 24.000 visiteurs médicaux en France en 2003-2004, les effectifs de la profession ne cessent de baisser. Le syndicat patronal (Leem) estime qu’ils n’étaient plus que 17.000 fin 2010 et avance le nombre de 12.000 pour 2015.

Inéluctable? Non, répondent les syndicats de Sanofi-Aventis. “On peut faire de la visite médicale autrement (…) tous les médecins doivent connaître les effets bénéfiques et secondaires des médicaments, mais 40% d’entre eux ne sont pas vus par les visiteurs médicaux”, estime Arnaud Battefort (CFDT).

“Les labos décident aussi de promouvoir quelques médicaments très rentables alors que le besoin d’information est bien plus large”, ajoute-t-il.

La veille, environ 350 salariés de Merck s’étaient rassemblés à Paris. Au moins 800 personnes vont voir leur poste supprimé, dont 600 dans la visite médicale. Le rachat par l’américain Merck de Schering-Plough en 2010 conduit à une vaste restructuration mondiale.

Chez le groupe suisse Roche, les suppressions visent en France (1.685 salariés) 178 postes dans la visite médicale.

“Compte tenu de la bonne santé de l’entreprise – plus de 6 milliards d’euros de bénéfices -, ce plan de suppressions de postes est scandaleux”, a commenté Philippe Margot (Unsa).

Très malmenés sur le plan de l’emploi, les visiteurs médicaux ont aussi été la cible ces dernières semaines de critiques à la suite de l’éclatement de l’affaire du Mediator, suspecté d’avoir causé la mort de 500 à 2.000 personnes.

Martin Hirsch, qui fut jusqu’en 2005 directeur de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments, avait notamment lancé dans la presse: “bannissons les visiteurs médicaux des cabinets! Sans l’influence de ces représentants de commerce, la France ne serait pas la championne du monde de la consommation de médicaments”.

Le patronat de l’industrie pharmaceutique a pris leur défense mardi en déplorant une “stigmatisation” de la profession qui répond à “des règles déontologiques strictes” et qui est “un acteur clé de l’information et de la pharmacovigilance”.

Les syndicats accusent eux les laboratoires. “L’industrie a fait que ce rôle a été détourné”, juge Thierry Bodin. “Le visiteur médical ne choisit pas les médicaments qu’il présente aux médecins”, rappelle aussi Arnaud Battefort.