Officiels, parlementaires, journalistes européens sont de plus en plus nombreux à visiter, ces jours-ci, la Tunisie aux fins d’évaluer d’abord la situation et de proposer ensuite aide et assistance.
De passage en Tunisie, des parlementaires européens, venus exprimer leur solidarité avec le peuple tunisien en cette période de révolution, se sont engagés à tout faire afin que la Tunisie soit inscrite sur la liste des pays pilotes mûrs pour accéder à une démocratie. Auparavant, cette liste comprenait 12 pays et la Tunisie n’y figurait pas. Bien évidemment.
Conduits par José Ignacio Salafranca (PPE, Espagne) et Pier Antonio Panzeri (S&D, Italie), les parlementaires européens, qui ont tenu, dimanche 6 février 2011, une conférence de presse, ont réaffirmé l’engagement du Parlement européen pour que l’Union européenne mobilise tous les instruments, y compris celui de la Politique de voisinage, afin de soutenir le peuple tunisien, la transition démocratique, les réformes visant l’indépendance de la justice, le redressement économique du pays et les acteurs de la société civile.
Les parlementaires, qui ont séjourné en Tunisie, du 3 au 6 février 2011, ont déclaré qu’ils ont vu, au cours de leur mission, «toute la mesure des défis institutionnels, politiques, économiques et sociaux que le gouvernement provisoire devra relever pour répondre aux aspirations légitimes du peuple tunisien en matière de démocratisation, de justice, de libertés, de développement et de création d’emploi, en particulier dans les régions intérieures».
Concrètement, ils ont annoncé que l’Union européenne va proposer, incessamment, un ensemble de réformes. Parmi celles-ci, figurent la révision de la Politique de voisinage pour l’adapter à la nouvelle situation en Tunisie et la mise en place d’un cadre électoral équitable. A ce sujet, ils ont souligné l’enjeu «de créer les conditions nécessaires à la tenue d’élections pluralistes, libres et transparentes». Ils se sont félicités de l’invitation formulée par le gouvernement tunisien d’accueillir une mission d’observation électorale.
Autre réforme et non des moindres, celle de la justice. Les députés européens ont annoncé la mobilisation d’un financement de 15 à 25 millions d’euros destinés à réformer la justice tunisienne.
A leurs yeux, l’indépendance de la justice, tout autant que le respect des libertés fondamentales et la liberté de la presse sont indispensables, voire des garanties majeures pour la construction d’un véritable Etat de droit.
La visite des eurodéputés intervient après celle de Hugues Mingarelli, directeur pour le Moyen-Orient et le Voisinage du Sud à l’UE (27 janvier 2011). Au cours de cette visite, qui avait pour objectif d’évaluer la situation dans le pays, M. Mingarelli s’est engagé à aider la Tunisie à réaliser trois priorités en cette période de migration vers un processus démocratique: la préparation des prochaines élections, l’assistance à apporter à la société civile tunisienne (Organisations non gouvernementales “ONG“, médias, partis politiques et syndicats) et l’aide financière à accorder au pays pour relancer la machine économique.
Il a annoncé, par la même occasion, que des experts européens seront dépêchés en Tunisie pour proposer aux autorités tunisiennes des expertises concrètes destinées à booster et le développement et la démocratie dans le pays.
Et pour ne rien oublier, Adrianus Koetsenruijter, ambassadeur chef de la Délégation de l’Union européenne à Tunis, n’est pas allé par quatre chemins. Il a déclaré en substance que «si jamais le peuple tunisien négociait, actuellement, avec l’Union européenne l’accès au Statut avancé, il l’obtiendrait…».