êtement et du coton (Photo : Olivier Laban-Mattei) |
[10/02/2011 15:00:42] PARIS (AFP) Le prix des t-shirts, vestes, pull-overs, des draps de lit ou du linge de toilette vont augmenter dès cet été, une première en une décennie, pour aider fabricants et distributeurs à amortir la flambée historique des cours du coton.
Cette augmentation des prix sera en moyenne de l’ordre de 15%, a indiqué mercredi à la presse Lucien Deveaux, président de l’Union des industries textiles (UIT), en marge du salon des tissus d’habillement Première Vision, au Parc des expositions de Villepinte en région parisienne.
Après avoir hésité pendant de longs mois à répercuter l’envolée du coût des matières premières, l’industrie du textile et de l’habillement, qui se dit dos au mur, s’est finalement résolue à franchir le Rubicon.
“Les hausses des prix des vêtements sont inéluctables si l’on veut continuer à avoir une industrie textile dans ce pays”, défend Benoît Hacot, directeur général du spécialiste de linge Hacot & Colombier et par ailleurs président de la Fédération française des industries lainières et cotonnières (Ffilc).
Il précise que la hausse sera plus facile à faire passer dans le haut de gamme que dans les premiers prix.
Les cours du coton ont été multipliés par plus de de deux depuis 2009. Ils ont même battu les niveaux franchis lors de la Guerre civile américaine (1861-1865), avance Yves Christophel, président de l’association française cotonnière (Afcot).
A l’époque, les prix avaient atteint 1,89 dollar. A New York, les cours pour livraison en mars ont frôlé les 2 dollars la livre en début de mois.
étal de marché (Photo : Mychele Daniau) |
Les autres matières textiles naturelles ont également subi des hausses importantes: la laine s’est envolée d’environ 38% en un an, tandis que le prix de la soie a été multiplié par deux.
Or les matières premières représentent 8 à 20% du prix de revient industriel d’un vêtement et jusqu’à 40% de celui d’un drap de lit, selon l’Institut français de la mode (IFM).
La hausse des prix de vente de la collection printemps-été 2011 dans les magasins se situera entre 3 et 15%, selon l’UIT.
La spéculation n’est pas pour beaucoup dans cet emballement des prix, assurent les professionnels. Pour la saison 2010/11, la production mondiale de coton représente environ 115,5 millions de balles, alors que la consommation est estimée à 116,6 millions de balles, ce qui fait un déficit de 1,1 million.
L’Inde, deuxième exportateur mondial, a limité depuis le 1er décembre ses exportations. Les inondations au Pakistan et en Australie, deux gros producteurs, ont contribué à assécher l’offre.
Avant la crise, l’abondance de l’offre de fibre blanche et le niveau bas des prix avaient incité les producteurs américains et asiatiques à se tourner vers d’autres cultures plus rémunératrices, comme les céréales et les oléagineux.
Des vêtements chers pourraient avoir un effet boomerang, craint le secteur, qui redoute des difficultés d’approvisionnement et surtout un recul des volumes de vente.
“Les volumes de vente pourraient diminuer d’environ 10%”, estime M. Hacot, dans la mesure où les enseignes ont habitué les consommateurs à des promotions et à des politiques de casse des prix favorisées par la délocalisation des usines en Asie, où la main d’oeuvre est bon marché.
“Les gens ne sont pas prêts à payer plus cher, à perdre du pouvoir d’achat”, redoute Rodolphe Deveaux, directeur de l’enseigne Armand Thiery.
Nombre de fabricants et de distributeurs prévoient de recourir de plus en plus au polyester pour compenser le coton cher et continuer d’attirer les clients.
Selon l’IFM, les prix moyens des vêtements ont baissé de 15% entre 1999 et 2009, alors que les quantités consommées ont augmenté de 20%.