Connaissez-vous le syndrome de Stockholm? C’est une affection qui touche une
personne kidnappée et qui s’éprend de son kidnappeur! Alors imaginez un peuple
qui subit un dirigeant depuis 30 ans comme en Egypte où il règne une moubarikite
aiguë organisée par des gens malheureux et mossades. Chez nous cette réaction
est normale et passe en quelques jours de la geôle morale imposée par Zaba à la
liberté, c’est très difficile et douloureux. J’ai pu le constater par 2
chroniques que j’ai écrites quasiment en même temps. L’une où je faisais un mea
culpa et considérai que l’on était tous coupables ; cette chronique n’a fait
l’objet d’aucune réaction des 2 ou 3.000 lecteurs réguliers de mes chronique.
Mais la “Lettre ouverte à…“ où je titillai l’ego du lecteur a entraîné un
torrent de réactions dont 18 ont été publiées. Mon patron, qui aime faire du
chiffre, doit être heureux, mais ce n’est pas le moment de demander une
augmentation!
Et comme tout le monde, je lis la presse, j’écoute la radio et regarde la télé,
et je constate que la chape de plomb se dissout lentement et j’espère que la
contagion du phénomène tunisien ne se retourne pas contre nous…, les forces du
mal veillent …
Et ce qui m’a le plus amusé dans la presse, c’est que tout le monde découvre
qu’il existe un arrière-pays et qu’on a même un rif qui est nettement moins
développé que la côte, ce qui est presque normal, on commence par la côte et on
avance, le tout est de régler la vitesse, comme dirait un Ardéchois ou un basque
qui sont encore à mille années lumières des Parisiens, et je ne parle pas des
Bretons qui ne connaissent de Paris que le pavé qu’elles arpentent pour des
insulaires corses…
D’ailleurs, si notre ami Hassen ZARGOUNI s’amusait à faire une enquête en posant
la question aux gens «Sidi Bouzid c’est où?», les résultats seraient
surprenants. Je parie que beaucoup de gens n’en ont aucune idée! Et si on leur
parlait de Thala ou Merkez Bouzaine, ce serait encore pire. J’ai même lu qu’un
des journalistes tunisiens, après les «désordres», est allé découvrir cette
région; et plus récemment comme une bonne ONG d’Afrique noire, une «caravane de
la solidarité», est allée porter des médicaments à ces gens là… qui étonnés, les
ont envoyés paître comme ils savent bien le faire faire avec leur cheptel.
Ainsi, pour permettre de faire découvrir la diversité du pays à nombreux de nos
compatriotes –où il peut neiger à Tabarka pendant que d’autres bronzent à
Tozeur-, il va falloir organiser des circuits pour faire découvrir
l’arrière-pays et les zones où la pauvreté persiste et organiser des séjours
chez l’habitant. Rassurez-vous, tous les foyers ont l’électricité et la majorité
a l’eau potable si vous avez encore quelques appréhensions…
Alors pour essayer d’expliquer la Tunisie en quelques lignes, je demanderai au
lecteur de prendre une carte et suivre avec moi, car ce pays si complexe est
quasiment simple à découper en zones presque homogènes.
– d’abord, le grand Tunis, qui abrite environ 20% de la population et quasiment
40% des richesses;
– ensuite, 2 zones bien spécifique: le cap bon qui a toujours été un monde à
part et la Kroumirie un monde entièrement à part;
– puis, 4 zones identifiées par des initiales:
1) le SMS qui constitue le sahel et qui est limité par Sousse la politique et
Sfax l’industrieuse et où se trouvent Monastir -création virtuelle d’un
président qui, au moins, a créé et structuré le pays,
2) les 3S limité par Sfax, SoUsse et sidi bouzid, ce triangle assure une
importante production agricole à haute valeur ajoutée,
3) les 4G du sud -GABES, Gafsa, guebili et Ben Gardane- qui est le quadrilatère
de la colère et de l’émigration,
4) enfin, les 3K de la misère, le triangle compris entre le Kef, Kairouan et
Kasserine…
Vous ne trouvez pas que c’est simple, et quand un homme politique ne voit pas
loin, il subit la colère et finit dans la misère d’un palais saoudien!