A voir ces revendications à la pelle justifiées par nombre de personnes issues de l’intelligentsia comme étant l’expression juste et équitable d’un peuple qui a trop souffert et dans le silence, les seules expressions de contestation possibles et imaginables seraient les manifestations, les sit-in et autres congédiassions.
La Tunisie aurait-elle la force de supporter plus longtemps autant d’instabilité? L’économie pourrait-elle résister à ce manque de visibilité et à cette insécurité?
Plus de salaires, plus de privilèges, plus d’acquis seraient donc la réponse apportée aux jeunes chômeurs qui risquent à ce rythme là de voir d’autres rejoindre leurs rangs.
«Nous tenons le coup à ce jour malgré la pression, mais c’est une question de semaines avant que l’équilibre déjà précaire de notre économie s’effondre. D’ailleurs, nous commençons à atteindre les limites de ce qui est gérable», dixit une personnalité crédible et digne de foi à la BCT.
L’état des lieux? Une administration fragile, les membres d’un gouvernement incapables non pas de prendre les bonnes décisions mais des décisions tout court. Parce qu’ils figurent dans un gouvernement de transition, parce qu’ils ne contrôlent pas les ressorts presque inexistants de l’exercice du pouvoir et parce que la chaîne de commandements tant au niveau des administrations publiques centrales que des régions a été rompue. Nous sommes donc face à un gouvernement qui n’a pas les moyens de naviguer dans les eaux troubles d’un environnement socioéconomique et politique qu’il n’a jamais vécu auparavant, ce qui lui rend la tâche plus que difficile.
Une seule chance: la reprise
La seule chance pour que le pays reprenne la confiance des opérateurs économiques, c’est le retour au fonctionnement normal des systèmes administratifs et sécuritaires qui pourraient alors user de leurs autorités pour maîtriser les débordements et gérer les problèmes en procédant par ordre de priorités.
Pour la Banque centrale et, à sa tête, Mustapha Kamel Ennabli, la première priorité est de juguler les effets secondaires des derniers événements que ce soit au niveau des payements extérieurs ou du taux de change. D’un autre côté, s’assurer que le système bancaire continu à fonctionner normalement, participer à la dynamique de la sphère économique et jouer pleinement son rôle dans le financement de l’économie.
Parmi les autres priorités de la BCT, celle consistant à évaluer les engagements de l’ancienne famille du président et de toutes ses ramifications: «L’ampleur est importante au niveau des banques de la place, il existe toutefois des contreparties dans certains cas. Nous commençons à peine à cerner les engagements bruts; concernant les nets, c’est beaucoup plus important».
La Banque centrale de Tunisie compte, dans l’avenir, axer ses efforts sur son rôle premier, celui de la supervision et du respect des règles de bonne gestion et de bonne gouvernance pour éviter tout abus. «Il n’est plus question pour nous d’intervenir au niveau du choix des PDG des banques privées. Elles ont des conseils d’administration, seuls habilités à choisir leurs premiers dirigeants».
La monnaie nationale a bien tenu le coup à ce jour et malgré toutes les perturbations que vit le pays, il n’est pas dit que ça continuera au rythme de l’instabilité qui caractérise la vie sociale et économique ces temps-ci. Mais ce qui est sûr, c’est que la convertibilité du dinar ou la fusion des banques publiques ne figurent pas du tout à l’ordre du jour de la BCT qui a d’autres chats à fouetter.