une raffinerie (Photo : Joël Saget) |
[11/02/2011 17:31:00] LONDRES (AFP) Les cours du pétrole se sont nettement repliés vendredi juste après l’annonce de la démission du président égyptien Hosni Moubarak, dégringolant de plus de 1 dollar à New York comme à Londres, avant de se ressaisir et de limiter leurs pertes quelques minutes plus tard.
Vers 17H00 GMT (18H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars, dont c’était le dernier jour de cotation, s’échangeait à 101,19 dollars sur l’InterContinental Exchange (ICE) de Londres, grimpant de 32 cents par rapport à la clôture de jeudi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” (WTI) pour la même échéance baissait de 80 cents à 85,93 dollars.
Les cours du baril ont chuté de plus de 1 dollar en quelques minutes, après l’annonce que le président égyptien Hosni Moubarak avait quitté ses fonctions et remis le pouvoir à l’armée. Le WTI est alors tombé jusqu’à 85,62 dollars et le Brent, inversant la tendance, a chuté à 100,43 dollars.
Mais les prix se sont cependant rapidement ressaisis, effaçant en une dizaine de minutes plus de la moitié des pertes essuyées, sur un marché nerveux et volatil.
“Le départ de Moubarak apaise quelque peu les inquiétudes d’ordre géopolitique, alors que la fermeture des opérations sur le canal de Suez apparaît désormais comme très improbable à court terme”, réagissait Myrto Sokou, analyste de la maison de courtage Sucden Financial.
Le marché de l’énergie est suspendu depuis deux semaines à l’évolution du mouvement de contestation en Egypte, où se trouvent deux routes stratégiques pour l’acheminement du pétrole des pays du Golfe: le canal de Suez et l’oléoduc Suez-Méditerranée (Sumed).
“L’incertitude est la première chose qui vient à l’esprit: l’armée est désormais officiellement en charge du pouvoir, même si elle l’a sans doute toujours été, mais qu’est-ce qu’elle fera ?”, relevait Filip Petersson, analyste de la banque SEB.
“Je ne crois pas au chaos politique, les militaires ne le permettront pas. Ils vont plutôt engager le dialogue dans les semaines à venir: une partie de la prime de risque dont bénéficiaient les prix du baril risque alors de s’évanouir”, remarquait-il.
Mais au-delà de l’Egypte, les opérateurs redoutent que le mouvement de contestation qui a entraîné le départ du président Moubarak ne s’étende à travers le Moyen-Orient, une région de production clef.
“Il y a encore un risque que les troubles ne se transmettent à d’autres pays”, soulignaient les analystes de Commerzbank, rappelant que “des rumeurs annonçant (jeudi) le décès du roi Abdallah d’Arabie saoudite, démenties immédiatement par la famille royale saoudienne, ont aiguisé la sensibilité du marché”.
La différence entre le WTI échangé à New York et le Brent coté à Londres, qui avait atteint jeudi un écart historique de 16 dollars, restait d’une quinzaine de dollars vendredi, le marché new-yorkais pâtissant de l’abondance des stocks de Cushing (Oklahoma, sud des Etats-Unis), principal centre de stockage du pays.