La perte d’influence de l’Europe criante dans le commerce extérieur des Etats-Unis

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évrier 2009 à Miami (Photo : Joe Raedle)

[11/02/2011 19:36:36] WASHINGTON (AFP) La perte d’influence de l’Europe et la montée de l’Asie apparaissent de manière criante dans les chiffres du commerce extérieur des Etats-Unis, de plus en plus tournés vers la Chine et d’autres pays émergents.

En 2010, le Vieux Continent est apparu comme un partenaire commercial de moins en moins privilégié par la première économie mondiale.

D’après des chiffres publiés par le département du Commerce américain vendredi, la part de marché de l’Union européenne sur le marché américain est tombée de 18,1% en 2009 à 16,7% en 2010, et celle de la zone euro de 13,6% à 12,7%.

Dans le même temps, celle des pays du pourtour du Pacifique passait de 34,1% à 34,2%. Celle de la Chine avançait légèrement, de 19,0% à 19,1%.

La Chine a ravi au Canada la place de premier exportateur de biens vers les Etats-Unis en 2009, et celle de premier exportateur mondial à l’Allemagne en 2010. Le fossé avec ses concurrents se creuse: en 2010 les Etats-Unis ont importé pour 364,9 milliards de dollars de “made in China”, contre 276,5 milliards de “made in Canada”, et 319,6 milliards de produits de l’UE.

Par ailleurs, l’évidence veut pour les exportateurs américains d’aller chercher de nouveaux débouchés ailleurs qu’en Europe.

En janvier 2010, le président Barack Obama avait promis un doublement des exportations américaines entre 2009 et 2014. Les Etats-Unis sont partis sur un bon rythme, grâce à leurs voisins (Canada et Mexique) et aux pays émergents et asiatiques.

En revanche, l’Europe les freine. Dans l’ensemble les exportations américaines ont progressé de 16,6% en 2010, mais vers l’UE de 8,7% seulement.

“95% des consommateurs du monde vivent en dehors de nos frontières”, répétait encore vendredi le secrétaire au Commerce Gary Locke, issu d’une famille d’immigrants taïwanais. Mais pour l’administration Obama, la priorité va clairement à ceux d’Asie et d’Amérique latine.

Dans son discours de l’état de l’Union en janvier, M. Obama a parlé de commerce extérieur avec l’Inde, la Chine, la Corée du Sud et deux pays avec lequel il cherche à conclure un accord commercial, la Colombie et le Panama. Pas un mot sur les relations économiques avec l’Europe.

M. Locke revient d’Inde. “Cette mission commerciale a été une réussite éclatante”, a-t-il claironné vendredi. Il était allé en Indonésie et en Chine en mai, et au Brésil en mars. Depuis la prise de fonctions de M. Obama en janvier 2009, ses missions l’ont conduit sur tous les continents, rarement en Europe.

Les Etats-Unis n’envoient en Europe que leur représentant au Commerce extérieur Ron Kirk, chargé de négocier une conclusion au cycle de négociations de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Jeudi, une adjointe de M. Kirk, Miriam Sapiro, était à Bruxelles, et y a exhorté l’UE à ouvrir son marché aux produits OGM.

D’après des économistes européens, la zone euro souffre d’un taux de change défavorable. “Même si l’euro s’est déprécié face au dollar du fait de la crise de la dette publique, il reste surévalué”, soulignait début février l’économiste en chef de la banque Natixis, Patrick Artus.

Il relevait que malgré des économies d’une richesse comparable, la zone euro avait une devise au pouvoir d’achat de 15% à 20% plus élevé que le dollar.

Aucun économiste aux Etats-Unis ne voit le dollar comme sous-évalué. Lors d’une conférence du Fonds monétaire international jeudi, l’ancien conseiller du Trésor américain Fred Bergsten a estimé que le taux de change euro-dollar était proche de l’équilibre que justifient les fondamentaux économiques. Le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a acquiescé.