A l’instar de la plupart des entreprises publiques de la Tunisie, Tunisie
Télécom vit actuellement une grogne sociale sans précédent. L’objet principal
des contestations de ces derniers jours tourne autour de la mise en cause, par
des cadres permanents, des salaires des cadres contractuels de l’entreprise.
Ces cadres expliquent ces mouvements par leur souci de sauvegarder les
ressources de la société et affirment qu’ils défendent de la sorte leur
entreprise et son avenir. Et pour mieux comprendre les tenants et les
aboutissants de cette grogne, nous avons rencontré des cadres permanents de
Tunisie Télécom.
Nos interlocuteurs commencent par pointer du doigt un contrôle plus important
que prévu du partenaire stratégique EIT (Emirates International
Telecommunications) sur la gestion de l’entreprise. Ils affirmeront qu’EIT
dispose de pouvoirs élargis sur la direction de l’entreprise et ne se limitent
pas aux postes de DGA, DCC (Commercial) et DCF (Finance), tels que prévus dans
l’accord de partenariat.
Ils affirmeront que les choix techniques sont du ressort exclusif de
l’actionnaire Emirati, ainsi que des politiques commerciales de l’entreprise.
Le gap salarial
Leur revendication principale reste quand même le gap salarial entre les cadres
permanents et les contractuels, qu’ils estiment non justifiés pour un certain
nombre d’entre eux, au vu de leurs qualifications, de leurs expériences, voire
de leurs compétences; tout en remettant en cause les procédures de sélection.
Ce régime de «contractuel» instauré dans l’entreprise était tellement juteux que
plusieurs titulaires ont fini par migrer vers ce régime. Selon nos
interlocuteurs, les salaires des permanents n’a rien à voir avec (on parle de
10.000 dinars par an) des salaires de 80 à 500 mille dinars par an pour les
contractuels (salaire annuel + prime).
La demande pour une harmonisation des disparités salariales et l’arrêt du
recours aux contrats à durées déterminés (CDD), est une revendication qui ne
date pas d’aujourd’hui, affirment notre source.
La reprise de la grogne, le 12 février 2011, vient suite à la dénonciation par
le PDG de la clause (qu’il avait signée le 9 février) prévoyant un accord pour
l’arrêt des CDD ; ils dénoncent, notamment, les pressions exercées par EIT sur
la direction de l’entreprise et rappellent que le PDG actuel était membre du
conseil d’administration et des marchés et avait donc cautionné ces
recrutements.
Dans une note datée du 10 février, Olivier Contagrel (Chief Operating Officer d’EIT)
a assuré du soutien d’EIT à tous les employés de Tunisie Telecom, sans
distinction entre permanents et contractuels, en soulignant que ces derniers
sont indispensables au bon fonctionnement de l’entreprise. Il affirme,
également, que les décisions prises et ayant fait l’objet du PV du 9 février
n’ont aucune valeur légale.
Pour ce lundi 14 février 2011, ils appellent à un regroupement devant le siège
de Tunisie Telecom, avec pour objectif d’empêcher les contractuels d’avoir accès
à leurs bureaux.
Tallel BAHOURY