évrier 2011 à Bruxelles (Photo : John Thys) |
[13/02/2011 18:58:57] BERLIN (AFP) Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, juge impératif de “surveiller la compétitivité” des pays de la zone euro, dans une interview où il exprime en filigrane sa sympathie pour le pacte de compétitivité proposé par Berlin et Paris.
“Après les expériences faites pendant la crise, il est pour nous impérativement nécessaire de surveiller la compétitivité des pays, et cela vaut aussi en terme de correction des déséquilibres entre les économies nationales”, a dit M. Trichet au journal Weser Kurier à paraître lundi.
Berlin et Paris ont proposé à leurs partenaires européens un “pacte de compétitivité” pour renforcer la coordination des politiques économiques dans la zone euro et permettre ainsi de réduire les écarts entre pays, alors que les déséquilibres inquiètent de plus en plus économistes et responsables politiques et sont vus comme la cause profonde de la crise de la dette.
Interrogé sur l’idée d’un “gouvernement économique comme réclamé par le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel”, M. Trichet a répondu: “S’il se confirme que cette proposition signifie une forte volonté politique de coordonner et surveiller la politique économique dans la zone euro, alors c’est quelque chose que je soutiendrai énergiquement, parce que cela correspond au message du conseil de la BCE”.
M. Trichet a déjà appelé à plusieurs reprises à renforcer la gouvernance économique et la discipline budgétaire, estimant que les propositions de la Commission et du conseil de l’UE n’allaient pas assez loin. La BCE redoute notamment l’absence de contrôles et de sanctions automatiques en cas de non-respect des règles budgétaires.
“Nous avons besoin d’un saut quantique, d’un progrès décisif”, a dit M. Trichet. “Dans l’intérêt de la monnaie unique, nous devons insister sur des règles claires en matière de politique économique et de finances dans les pays”, a-t-il estimé.
“L’Union monétaire, qui repose sur l’euro, fonctionne. La monnaie est crédible et a prouvé qu’elle assurait la stabilité des prix. Maintenant il est temps pour l’union économique de fonctionner aussi bien”, a-t-il dit.
Selon lui, “cela n’a pas été le cas dans le passé. C’est pourquoi nous devons renforcer la surveillance de la politique économique”.
Il a par ailleurs appelé les pays de la zone euro à en revenir à un respect strict des critères du Pacte de stabilité. “Certains pays avaient bien oublié cela avant la crise mondiale”, a dit Jean-Claude Trichet.
D’après les premières ébauches qui ont circulé, le “pacte de compétitivité” proposerait des mesures très concrètes, par exemple la fin de l’indexation des salaires sur l’inflation, l’instauration de plafonds d’endettement sur le modèle allemand ou la mise en place de mécanismes de sauvetage des banques en cas de crise.
Sur le fond, les propositions présentées comme communes par Berlin et Paris paraissent très inspirées par l’Allemagne, et sont vues par certains comme une tentative de la première économie européenne d’imposer son modèle économique à ses voisins.