Las du virtuel, les Chinois se tournent vers les bons vieux jeux de société

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é de jeux de société à Pékin le 9 janvier 2011 (Photo : Liu Jin)

[14/02/2011 10:26:43] PEKIN (AFP) Encore récemment, Jia Han passait de longues heures à surfer et à jouer en réseau sur l’internet, mais cet étudiant chinois de 21 ans affirme aujourd’hui avoir trouvé un loisir nettement plus sain et convivial : les jeux de société.

“La première fois que vous jouez en ligne, vous êtes enthousiasmé. Mais au bout d’un certain temps vous commencez à vous lasser parce que vous ne connaissez pas les joueurs de l’autre côté de l’écran”, explique le jeune homme.

“En revanche, c’est toujours stimulant de jouer face à face avec vos amis”, poursuit-il, alors qu’il participe dans un café à une partie d’un jeu intitulé les Loups-garous de Thiercelieux, dans lequel chaque joueur incarne un villageois ou un loup-garou.

Les jeux de société souffrent souvent d’une image désuète en Occident mais dans les grandes villes chinoises ils font l’objet d’une mode qui a pris il y a deux ans chez les jeunes en quête de nouveaux loisirs.

De plus en plus de cafés dédiés aux jeux de société se sont ouverts, alors qu’un nombre accru de Chinois délaissait les cybercafés après avoir bénéficié d’une connexion à leur domicile.

Rien que dans la capitale Pékin, on estime qu’il y aurait environ 200 cafés spécialisés, qui proposent des centaines de jeux différents.

Les locaux sont généralement meublés de banquettes confortables, de tables alignées permettant les confrontations cérébrales et d’étagères où sont rangées des centaines de boîtes de jeux pour tous les goûts.

Beaucoup de ces lieux demandent un droit d’entrée d’un montant très raisonnable: pour 30 yuans (3,30 euros), le consommateur a le droit de jouer 24 heures, conseillé par le personnel qui sert même parfois des verres gratuits.

Ces cafés plaisent particulièrement aux jeunes d’une vingtaine d’années, enfants uniques ayant grandi dans un relatif isolement et à la recherche de contacts avec les autres.

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é de jeux de société le 6 janvier 2011 à Pékin (Photo : Liu Jin)

“Les gens qui jouent à un jeu ont souvent quelque chose en commun, il y a toujours une raison qui fait que vous aimez un jeu en particulier”, dit Kimi Zhang, un Pékinois de 24 ans responsable en ressources humaines.

Il y a le jeu, et plus si affinités. Li Ming, qui gère un café à Pékin, explique que quatre couples se sont formés dans son établissement depuis son ouverture en juillet 2009.

Pour le sociologue Xia Xueluan, enseignant à l’Université et spécialiste de la jeunesse, la nouvelle mode des jeux de société illustre la désorientation des jeunes Chinois dans une société qui a perdu ses repères avec la fulgurante croissance économique.

“L’environnement social a conduit à une crise de confiance entre les gens, c’est dans ce contexte que les jeux de société ont fait des adeptes”, dit Xia à l’AFP, évoquant “le désir des gens de construire des relations authentiques et basées sur la confiance grâce à une communication en face à face”.

Mais pour les experts, en dépit de cet engouement récent, les jeux de société risquent de ne constituer qu’une niche pour l’instant.

“Vous devez avoir un cercle d’amis capables de jouer avec vous”, explique Zhao Xufeng, analyste chez iResearch à Shanghai (est), “vous avez besoin d’un instructeur informé capable de vous expliquer les règles car de nombreux jeux sont difficiles à comprendre”.

Autre frein à l’expansion des jeux de société: le piratage. Les versions piratées des jeux étrangers se vendent parfois à moins de la moitié du prix, déclare Zhang, qui importe en toute légalité des jeux pour lui-même et d’autres propriétaires de cafés.

“Cela pourrait empêcher des compagnies étrangères de venir sur le marché chinois”, dit-il.