à Abidjian le 8 février 2011 (Photo : Issouf Sanogo) |
[14/02/2011 14:25:35] ABIDJAN (AFP) Deux banques privées étaient fermées lundi en Côte d’Ivoire, dont la filiale ivoirienne de la banque française BNP Paribas, une décision jugée “illégale” par le gouvernement du président sortant Laurent Gbagbo, sur fond de bataille financière avec son rival Alassane Ouattara.
Les sièges de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie en Côte d’Ivoire (Bicici, groupe BNP Paribas) et de la banque américaine Citibank étaient fermés lundi à Abidjan, a constaté un journaliste de l’AFP.
Sur son site internet, la Bicici a indiqué qu’elle suspendait “provisoirement” ses activités à partir de lundi.
“Ces derniers jours ont (…) vu s?accroître la confusion juridique et réglementaire liée à la situation particulière du pays”, a-t-elle expliqué.
“Nous ne sommes plus aujourd?hui en mesure d?assurer nos activités dans des conditions satisfaisantes de sécurité juridique et comptable pour nos clients, ni de sécurité physique pour nos employés”, a-t-elle souligné.
La Bicici, présentée comme la deuxième banque en Afrique francophone, espère “un retour à la normale dans les meilleurs délais”.
Une source au sein de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (APBEFCI) a confirmé que Citibank avait également décidé de fermer pour le moment dans le pays.
Dans un communiqué lu sur la télévision publique ivoirienne RTI, le ministre du Budget du gouvernement Gbagbo, Koné Katinan, a condamné “le caractère illégal” de la décision de fermeture des agences de la Bicici et de Citibank.
“Cette décision se situe dans le prolongement des manoeuvres initiées pour punir le peuple ivoirien pour son soutien à la légalité constitutionnelle”, a-t-il affirmé en référence à la réélection de M. Gbagbo le 28 novembre, contestée par M. Ouattara et une grande partie de la communauté internationale, dont l’ex-puissance coloniale française et les Etats-Unis.
“La Bicici et la Citibank violent les droits des épargnants ivoriens en confisquant les dépôts de la clientèle”, a-t-il accusé, avertissant que le gouvernement Gbagbo “ne saurait tolérer ces actes de défiance”.
Devant le siège de la Bicici à Abidjan, les nombreux clients qui trouvaient porte close lundi hésitaient entre dépit et colère. “C’est criminel”, s’est écriée une cliente, tandis qu’un autre demandait: “c’est ça, l’asphyxie financière de la France?”
Le camp Ouattara tente de couper les vivres au régime Gbagbo, qui réplique en s’efforçant notamment de mettre sur pied un système bancaire viable à l’échelle ivoirienne, après la déstabilisation causée par la rupture avec la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), basée à Dakar et qui reconnaît M. Ouattara.