BCE : Berlin a perdu son favori mais veut peser sur le choix du président

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ésident de la Bundesbank, Axel Weber, le 30 septembre 2008 à Berlin (Photo : Axel Schmidt)

[14/02/2011 14:57:35] BERLIN (AFP) L’Allemagne restait décidée lundi à peser de tout son poids dans le choix du chef de la Banque centrale européenne, après que la défection surprise de son candidat Axel Weber a redistribué les cartes.

Le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert, a certes assuré que la succession du Français Jean-Claude Trichet, qui quitte la présidence de la BCE fin octobre, “n’était pas une question de passeport”.

Mais il a aussi répliqué par un “Non” sans appel à la question: “Un autre candidat allemand est-il exclu?”

Et M. Seibert a posé des conditions pour l’un des postes les plus stratégiques d’Europe: “L’important (…) est que le successeur de M. Trichet partage notre conception allemande de ce qu’est une devise stable”.

Jamais, donc, l’Allemagne ne donnera son feu vert à un candidat issu du camp des “colombes”, partisans d’une politique monétaire volontariste, soucieuse du soutien à la conjoncture.

A cet égard, le “faucon” Weber, obnubilé par le contrôle des prix, était un bon candidat pour un pays toujours traumatisé par l’hyperinflation des années 1930.

Sa défection la semaine dernière a pris de court le gouvernement, comme l’a reconnu M. Seibert, puisqu’il a expliqué que Berlin prévoyait de “rendre cette candidature officielle fin mars”.

Quelques noms circulent toujours côté allemand: le chef du Fonds européen de stabilité (FESF) Klaus Regling est toutefois desservi par son inexpérience en matière monétaire, tandis que l’économiste en chef de la BCE, Jürgen Stark, buterait sur les statuts de l’institut qui l’empêchent de rester au-delà de 2014.

Hors Allemagne, le prétendant le plus souvent cité est le gouverneur de la banque d’Italie Mario Draghi, soutenu par Rome.

“D’un point de vue technique, il est le meilleur candidat”, selon l’économiste d’UniCredit Marco Valli.

Mais il sera difficile pour un Italien d’accéder au poste alors que le numéro deux de la BCE, le Portugais Vitor Constancio, représente déjà l’Europe du sud. Sans compter qu’Angela Merkel “sait qu’elle ne pourra jamais vendre aux Allemands un Italien”, soulignait lundi le quotidien Handelsblatt.

A l’actif de M. Draghi figure son “habitude de composer avec des hommes politiques difficiles” en Italie, plaidait Wolfgang Münschau, éditorialiste au Financial Times.

Les autres noms qui circulent sont Yves Mersch (Luxembourg) et Erkki Liikanen (Finlande).

Ce dernier connaît les rouages de la politique européenne, puisqu’il a été Commissaire européen de 1995 à 2004. La presse de son pays juge toutefois que son appartenance au parti social-démocrate “pourrait être un obstacle”.

M. Mersch, l’un des doyens des banquiers centraux en zone euro, est réputé proche des thèses orthodoxes chères à Berlin.

Si certains jugent qu’il na pas la carrure pour le poste, le Luxembourgeois, aurait un atout linguistique car il maîtrise parfaitement l’allemand.

Alors que la chancelière Merkel fait face à plusieurs scrutins régionaux cruciaux cette année, “ce serait un avantage pour le président de la BCE de pouvoir s’adresser à l’opinion publique et aux députés allemands dans leur langue”, estimait Holger Schmieding, économiste de la banque Berenberg.

Nommer un président issu d’un “petit” pays de la zone euro verrait la BCE renouer avec ses débuts, lorsqu’elle avait été dirigée par le Néerlandais Wim Duisenberg.

Mais la décision se jouera entre grandes puissances, selon le Handelsblatt: “La clé de la présidence de la BCE est à Berlin, et la serrure à Paris”.