Aujourd’hui
se tient à Gammarth la première rencontre de la Bourse Maghrébine en
présence des présidents des Bourses des 5 pays Maghrébins, des présidents
des conseils et autorités des marchés financiers de chacun de ces pays et de
nombreux hommes d’affaires.
Cette réunion qui doit se dérouler, chaque année dans un des pays du Grand
Maghreb, est organisée dans notre pays en hommage au rôle que les Tunisiens
ont joué pour l’émergence de cette Bourse maghrébine. Le ministre des
Finances tunisien, qui ouvrira la séance de ce matin, apprend-on, va saluer
les participants à cette réunion d’évaluation des résultats de la Bourse
Maghrébine une année après sa création.
Rappelant la genèse de la création de cette Bourse, il présentera les
réformes et mesures entreprises par le gouvernement tunisien depuis 2011
pour libérer l’initiative et développer l’économie tunisienne dans le cadre
du Grand Maghreb. La première de ces lois promulguées après la Révolution
tunisienne, c’est la Loi sur le développement des régions prioritaires y
compris les régions frontalières avec les pays voisins. Cette loi a eu pour
effet immédiat une sensibilisation des autres pays du Maghreb qui ont mis en
place une législation semblable dans leur pays. Très vite, la nécessité
d’une coordination entre les 5 pays s’est fait jour et a eu pour conséquence
la multiplication des investissements par des Maghrébins, qu’ils soient
résidents ou non, et l’accélération de la création de projets et d’emplois
dans ces pays.
Dans son allocution, il rappellera les avantages accordés à ces
investissements et particulièrement la prise en charge des infrastructures
financées par chaque Etat et depuis un an par le Fonds Maghrébin
d’Infrastructures –FMI- créé pour développer les infrastructures dans toutes
les régions frontalières des cinq pays et dont le capital est détenu par les
5 pays, la Banque mondiale et des fonds de pays arabes amis.
Les avantages fiscaux et un renforcement des garanties offertes aux
investisseurs, qui se sont ajoutés à une clarification de la législation sur
les prestations de services aux non résidents, ont permis d’attirer en
Tunisie beaucoup d’investisseurs, Tunisiens, originaires des pays du
Maghreb, des pays arabes et d’autres pays amis. «L’application stricte de la
réglementation nationale et internationale sur Le blanchiment d’argent et la
lutte contre le terrorisme nous a permis d’écarter les investisseurs peu
scrupuleux et qui ne visent qu’un enrichissement rapide dans des projets
immobiliers», déclare le ministre.
La transparence totale a caractérisé les processus de choix des entreprises
ou groupes candidats aux opérations de privatisation d’entreprises publiques
ou d’acquisition des participations publiques dans des entreprises
tunisiennes et étrangères. Certaines de ces participations, acquises
frauduleusement par d’anciens responsables politiques et leurs proches, sont
revenues à l’Etat par décisions de justice et mises sur le marché.
Toutes les concessions de services publiques dans les domaines de la
production électrique, de dessalement d’eau de mer, infrastructures
routières… ainsi que la location de terrains agricoles ont été réalisées
chaque fois par un appel d’offres national ou (et) international, avec
publication des résultats des soumissions et des attendus des décisions
prises.
Les réformes politiques introduites ces 3 dernières années dans les
différents pays arabes ont permis de rapprocher les points de vue des divers
gouvernants des pays du Maghreb. Elles ont aussi permis d’affirmer l’avenir
commun de ces pays dans le cadre du groupe plus large, celui des pays arabes
et africains.
Le ministre clôturera son intervention par un vibrant hommage aux hommes
d’affaires qui ont compris que le développement de nos pays passait par la
création de projets communs dans cet ensemble économique homogène et
suffisamment vaste pour l’émergence de champions maghrébins dans les divers
secteurs de l’économie. Le développement de cette Bourse maghrébine en est
l’exemple et le résultat.
A son tour, le président de la Bourse Maghrébine exprimera sa joie et sa
fierté pour la réussite de ce projet que les présidents des 5 Bourses
maghrébines ont décidé de créer lors de leur réunion de CASABLANCA en
janvier 2012.
La Tunisie, chargée par les présidents des 4 Bourses existantes en 2012,
celles de Tunis Casablanca, d’Alger et de Tripoli, de présenter l’étude de
faisabilité, a travaillé d’arrache-pied pour réaliser en 5 mois un travail
qui a permis aux autorités des 5 pays de prendre les mesures législatives et
réglementaires nécessaires à l’émergence à côté des Bourses locales d’une
Bourse Maghrébine.
Le président de la Bourse maghrébine remerciera les commissions et autorités
de contrôle des marchés financiers dans les 5 pays qui ont eu la lourde
tâche de compiler les législations et réglementations des sociétés et des
marchés financiers de chaque pays. Les comparaisons entre ces législations
avaient permis de dégager des différences nombreuses et souvent profondes.
La volonté commune d’aboutir à un socle commun minimum a permis à chacune de
ces structures de présenter aux autorités compétentes de chaque pays les
modifications à apporter. Ce qui fut fait avec plus ou moins de bonheur et
dans un esprit de coopération et de compréhension des particularités de
chaque pays.
Les difficultés apparues en 2012 étaient nombreuses: fiscalité,
réglementation des changes, absence de législation ou développement
insuffisant des marchés financiers.
Une accélération a été observé dès l’année 2012: dans la Jamahiriya
libyenne, le pouvoir a distribué les actions des entreprises publiques
libyennes à la population et a créé la Bourse de Tripoli sur laquelle ont
été cotées les entreprises publiques privatisées par le biais des
distributions d’actions à la population. En Algérie, la législation du
marché financier a été revue et complétée et le système de cotation
électronique choisi a été celui en usage à la Bourse de Tunis et de
Casablanca celui là même en usage en France et aux Etats-Unis. Les
entreprises publiques ont été poussées à se faire coter à la Bourse d’Alger
et plus de 50 sociétés privées y ont été introduites.
La Mauritanie, avec la coopération des autres pays du Maghreb, a renforcé sa
législation commerciale, adopté un code des sociétés commerciales et mis en
place un registre de commerce.
L’idée de la Bourse maghrébine est venue pour couronner ces réformes et
donner les moyens financiers nécessaires aux entreprises leaders de leur
secteur dans chacun des pays du Maghreb. Outre les conditions habituelles
pour la cotation dans un des marchés boursiers du Maghreb, ces entreprises
leaders devaient remplir une condition supplémentaire: être installées et
produire dans au moins deux des 5 pays du Maghreb. Leur nombre est
aujourd’hui de 50 et se trouvent dans les secteurs bancaire, des assurances,
agroalimentaire, des transports, de l’hôtellerie, des travaux publics, de
l’industrie chimique ou électronique…
Cette Bourse électronique permet aux investisseurs maghrébins et arabes mais
aussi aux fonds d’investissements internationaux de placer leurs fonds dans
un marché suffisamment large, caractérisé par une bonne liquidité, des
pratiques sécurisantes et une réglementation adaptée. Le volume quotidien
dépasse aujourd’hui les 30 millions de dinars et les fonds levés entre juin
2013 à juin 2014 dépassent les 3 milliards de dinars tunisiens.
Quand aux Bourses locales, elles continuent de se développer en profitant de
l’exemple de la Bourse maghrébine, en adoptant les normes et techniques en
usage dans cette Bourse. Les Bourses locales ont permis aux intermédiaires
de chacun des pays d’intervenir sur les autres places locales, au début à
travers un intermédiaire local agréé dans le pays.
Une nouvelle étape est actuellement à l’étude permettra aux intermédiaires
agréés dans un pays de pouvoir intervenir directement sur le marché d’un
autre pays pour le compte de ses clients locaux ou étrangers.
L’exemple du Maroc a beaucoup facilité le travail de la commission chargée
de faire avancer ce projet.
Le président de la Bourse maghrébine rappellera dans son intervention les
efforts de l’Union des Bourse arabes qui a réalisé de nombreuses études sur
une Bourse arabe avec des mécanismes d’échange de titres et la mise en place
d’un dépositaire arabe. Cette idée a été reprise par la Bourse maghrébine
avec la création d’un dépositaire central maghrébin qui a aussi servi aux
échanges entre les Bourses locales.
Ce dépositaire central n’aurait jamais pu voir le jour sans les
modifications introduites par les différents pays dans leur réglementation
de change respectives. Les accords bilatéraux permettant aux Banques
centrales de coter les devises des autres pays du Maghreb, facilitant ainsi
les transferts de fonds d’un pays à l’autre en monnaie locale.
Le président de la Bourse maghrébine, en clôturant la séance du matin,
émettra le vœu de voir s’instaurer une monnaie unique dans les pays du
Maghreb dans les années à venir.