Sans le prêt important accordé à la Tunisie par la BAD, jamais on n’aurait pu
mener à terme la construction de l’autoroute Tunis/Sidi-Bouzid.
En effet, il a fallu près de 1.300 MDT pour construire, sur trois étapes, des
tronçons de près de 98 kilomètres chacun pour relier ce gouvernorat devenu
aujourd’hui une plateforme de l’industrie agroalimentaire du pays depuis que
trois des plus importants groupes tunisiens de l’agroalimentaire s’y sont
implantés à la fin de 2012.
Deux des quatre entreprises de l’agroalimentaire du Groupe “KANDO” ont été
délocalisées à Sidi Bouzid: «Nous avons pris cette décision car nous avons
réalisé qu’il est plus rentable d’être proches des lieux de production. Le
développement de l’infrastructure routière ont réduit les problèmes
d’accessibilité, ce qui nous permet aujourd’hui d’approvisionner le marché
national plus rapidement. Nous sommes aujourd’hui plus compétitifs puisque nous
acheminons plus facilement nos productions vers les centres d’échange», a
indiqué le directeur commercial du groupe.
Kando n’a pas été le seul groupe à s’installer à Sidi Bouzid, il a été rejoint,
très vite, par deux autres groupes.
Grâce à l’autoroute, une meilleure desserte
La construction de l’autoroute reliant Tunis à Sidi Bouzid ainsi que celle de
Gafsa a permis non seulement une meilleure desserte en direction des régions du
Centre ouest mais également l’exploitation et l’expansion rapide des grands
axes, des voies urbaines et des services de transport, ce qui a eu pour résultat
de mettre fin aux engorgements qui ralentissaient la croissance des autres
secteurs.
A titre d’exemple, la CPG de Gafsa, qui est passée de la 3ème à la 1ère place
mondiale des plus gros producteurs de phosphate (avec une production actuelle
excédant les 20 millions de tonnes de phosphate marchand suite à la découverte
de nouveaux gisements), achemine aujourd’hui beaucoup plus aisément ses
productions destinées à l’exportation en direction du port de Sfax. Résultat:
une forte progression, près de 90 millions de dollars, réalisés en 2013 et plus
de100 millions de dollars prévus pour cette année).
Le transport routier, plus fluide grâce à l’autoroute, opérationnelle depuis une
année, adossé au port, a été pour beaucoup dans la réduction des coûts, ce qui a
renforcé la compétitivité de la CPG à l’international.
Il faut dire que les pouvoirs publics tunisiens ont été bien inspirés de
considérer, dès le début 2012, que les infrastructures routières peuvent jouer
un rôle prépondérant dans le désenclavement des régions de l’intérieur. Des
moyens de transport améliorés constituent un appui indispensable aux industries
manufacturières, agroalimentaires et de service, et par conséquent, contribuent
à la création d’emplois, qui avait pendant des années été le point noir de la
Tunisie.
Les pistes rurales, les routes communales et nationales, et grâce à un bon
niveau de service, ont œuvré efficacement à la réduction des coûts des intrants
agricoles, augmenté les prix bord champs et facilité la commercialisation ce qui
accroît la production agricole et réduit les pertes poste-récoltes.
Mais plus important encore, le transport rapproche désormais les divers points
géographiques du pays et favorise le parcours des grandes distances en des temps
records. Grâce au désenclavement des régions de l’intérieur et l’amélioration
des infrastructures routières, nous avons pu réduire la migration, améliorer le
taux de fréquentation scolaire; la communication est améliorée, alors que les
opportunités d’emploi sont devenues plus nombreuses.
Le prochain chantier du gouvernement tunisien n’est pas tuniso-tunisien, il est
plutôt maghrébin. D’ailleurs, aux dernières nouvelles, des négociations seraient
en cours entre le ministre tunisien du développement et ses homologues
maghrébins pour examiner les résultats de l’étude engagée il y a une année sur
la faisabilité et le coût d’une autoroute maghrébine. Et compte tenu des
résultats enregistrés par la Tunisie en la matière, en seulement trois ans, ce
projet a toutes les chances de voir le jour.