Tunis
le 15 juin 2014, 20h00. On annonce un débat télévisé entre monsieur Elfahem El
Maksoud, Premier ministre et chef du gouvernement tunisien, et Mme Saliha
Mkhacher, chef du groupe parlementaire de l’opposition.
Un débat d’autant plus important qu’il survient la vieille de la discussion
d’une motion de censure déposée depuis la semaine dernière par un tiers des
députés. Un débat prometteur entre un gouvernement, objet de toutes les
critiques surtout depuis un mois (lorsque le parquet de Tunis ordonna
l’ouverture d’une enquête pour malversations à l’encontre du ministre de la
Jeunesse), et une opposition qui est montée au créneau, n’appréciant guère la
solidarité gouvernementale à l’encontre d’un ministre qui pourrait faire l’objet
de poursuites judiciaires.
Je suis en train de rédiger le rapport moral du Comité de quartier dont j’assure
le secrétariat général. Soudain, mon fils Louay intervient avec insistance. Il
veut que je jette un coup d’œil au manifeste électoral et à l’affiche de la
liste dont il fait partie pour l’élection du Conseil des élèves de son lycée. Je
m’aperçois vite que la raison inavouée de sa visite est une «rallonge
budgétaire» de son argent de poche pour faire face aux frais de campagne car sa
liste veut organiser un concert au jeune rappeur Kefois, Nessim Elmanaa, qui a
fait un tabac sur Facebook trois ans auparavant avec son tube Ezzine Rahou
Gatta3.
Le téléphone sonne, c’est un ami journaliste qui m’annonce que le juge en référé
du tribunal de Première instance de Tunis vient de nous donner gain de cause en
annulant la décision du Conseil supérieur de l’audiovisuel réduisant l’espace
consacré aux élections municipales à seulement six heures par jour en y incluant
les débats télévisés. Enfin, voilà la bonne nouvelle de la journée, me dis-je,
espérant que la mauvaise prendra encore congé et ne s’annoncera pas avant
demain.