Les acquis sociaux américains au coeur du débat sur les dépenses

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éfense des programmes sociaux, le 2 octobre 2010 à Washington (Photo : Saul Loeb)

[16/02/2011 17:16:04] WASHINGTON (AFP) Rigueur budgétaire oblige, la question du toilettage des grands programmes sociaux américains a ressurgi cette semaine à Washington, où les adversaires républicains de Barack Obama avancent sabre au clair sur les dépenses fédérales.

“Nous n’excluons rien”, a affirmé mardi le président de la Chambre des représentants, John Boehner, qui était interrogé sur les intentions des républicains.

Les conservateurs ont reproché au président d’avoir éludé, dans son projet de budget 2012 présenté lundi, la question de la réforme des grands programmes sociaux de l’Etat-providence américain, générateurs de déficits sur le long terme.

Ces programmes, la Social security (programme d’assurance sociale composé essentiellement de prestations pour la retraite), le Medicare (assurance maladie pour les personnes âgées), et le Medicaid (assurance santé pour les personnes démunies et les handicapés), représentent les principaux acquis sociaux américains du XXe siècle et il reste politiquement risqué de les remettre en cause.

Mais, selon les derniers chiffres du bureau du Budget du Congrès (CBO), la Social Security seule devrait engendrer 45 milliards de dollars de déficit en 2011 et 547 milliards sur les 10 prochaines années. En outre, les baby-boomers arrivant à l’âge de la retraite vont faire grimper les coûts de la retraite et ceux de la santé plus vite que l’économie.

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ésident de la Chambre des représentants, le Républicain John Boehner (G) et le leader de la majorité républicaine à la Chambre Eric Cantor, le 9 février 2011 à Washington (Photo : Tim Sloan)

“Je pense que nous pouvons agir de façon responsable pour nous assurer que ces programmes que nous avons sont viables”, a estimé mardi M. Boehner.

Les républicains, qui préparent leur propre projet de budget 2012 en réponse au budget du président, devraient rendre leur copie d’ici avril.

Les adversaires de M. Obama à la Chambre ont indiqué que ce dernier avait “perdu une occasion” d’agir. Dans son budget 2012, l’administration a proposé des économies de 1.100 milliards de dollars sur dix ans, alors qu’une commission indépendante ayant travaillé à la demande de M. Obama a réclamé en décembre 2010 environ 4.000 milliards sur la même période.

Au Sénat, le chef de la minorité républicaine, Mitch McConnell, a affirmé mardi qu’il avait “invité le président à avoir cette conversation (sur la réforme des programmes sociaux, ndlr) depuis qu’il a pris ses fonctions il y a deux ans”. M. McConnell a indiqué que toute réforme devait se faire sous la férule du président et avec la participation des deux partis.

Il a précisé que les négociations sur ce sujet ne devaient “pas forcément être publiques”, ce qui aiderait à leur progression.

Dans le projet républicain, les prestations sociales restent inchangées pour les personnes âgées de 55 ans et plus, a affirmé lundi le chef de la majorité à la Chambre Eric Cantor. “C’est pour nous autres, de 54 ans et moins, qu’il va y avoir une réforme”, a ajouté M. Cantor.

De son côté, le président s’est dit ouvert mardi lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche à des négociations avec les républicains sur ce sujet.

“Attaquons-nous ensemble, démocrates et républicains, à ces problème de long terme”, a dit M. Obama. “Ce sont des négociations vastes et difficiles”, a-t-il estimé, se disant confiant dans le fait qu’un accord puisse être trouvé entre les deux partis “dans les prochains mois”.

Le président a estimé que le Medicare et le Medicaid étaient les deux problèmes les plus saillants en raison de l’augmentation des dépenses de santé pour une population vieillissante.

Les républicains ont remporté les élections législatives de novembre 2010 après avoir fait campagne pour plus de rigueur budgétaire afin de réduire le déficit colossal de l’Etat fédéral.