Etats-Unis : face à la révolution du numérique, le libraire Borders dépose le bilan

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à Washington DC le 14 février 2011 (Photo : Nicholas Kamm)

[16/02/2011 19:39:07] NEW YORK (AFP) La deuxième chaîne américaine de librairies, Borders, a annoncé mercredi avoir déposé son bilan et prévoir la fermeture de 30% de ses magasins, devenant la dernière victime du développement de l’édition numérique et du commerce en ligne aux Etats-Unis.

“Dans un contexte de baisse des dépenses des consommateurs (…) et vu le manque de liquidités de l’entreprise, Borders Group n’a pas les ressources en capital dont il a besoin pour être compétitif et pour (…) se repositionner pour le long terme”, a commenté le président du groupe Mike Edwards.

“Borders Group, avec l’autorisation de son conseil d’administration, a déposé une demande de réorganisation sous la protection du chapitre 11”, la loi américaine sur les faillites, a-t-il précisé dans un communiqué.

Cette décision va “donner à Borders la possibilité d’obtenir une injection de capital décente et d’avoir le temps de se réorganiser afin d’être une entreprise florissante sur le long terme”, a-t-il ajouté.

Le distributeur a pâti du développement du commerce en ligne et du livre numérique. Il avait lancé en juillet son propre site de vente de titres numérisés, bien après son concurrent traditionnel Barnes & Noble et les géants du numérique Amazon et Apple.

De nombreux analystes estiment que cette initiative est intervenue trop tard, alors que la révolution du numérique était déjà bien entamée et que le groupe avait déjà perdu des millions de dollars.

Déjà l’année dernière, le libraire Barnes & Noble, qui enregistre les pertes les plus importantes du secteur, avait envisagé de se mettre en vente.

Les libraires américains font face à des “changements perturbateurs”, a récemment indiqué à l’AFP Mike Shatzkin, du cabinet de consultants spécialisé dans l’édition Idea Logical.

Depuis trois ans, les ventes de livres numériques ont plus que doublé chaque année aux Etats-Unis, selon M. Shatzkin qui s’attend à ce que la part de marché des libraires traditionnels passe de 72% à environ 25% au cours des prochaines années.

L’association des éditeurs américains (Association of American Publishers) a souligné mercredi que les ventes de livres aux Etats-Unis avaient augmenté de 3,6% l’année dernière par rapport à 2009, à 11,67 milliards de dollars. La part des ventes de livres numériques a bondi de 164,4%, à 441,3 millions.

Borders a souligné mercredi avoir déjà reçu des engagements de financement à hauteur de 505 millions de dollars de la part de GE Capital, ce qui devrait permettre au groupe de faire face à ses obligations pour que ses “magasins restent compétitifs en termes de produits et services”.

Il a toutefois indiqué qu’il envisageait, entre autres mesures de restructuration, de fermer “dans les prochaines semaines” 30% de son réseau de 676 magasins, après avoir sélectionné les moins performants.

Le libraire a précisé qu’il continuait à servir ses clients et à rémunérer ses employés normalement.

“Nous avons foi dans le fait qu’avec la protection de la loi sur les faillites, le soutien des employés, des éditeurs, des fournisseurs, des créanciers et des lecteurs, une réorganisation réussie peut être réalisée”, a conclu M. Edwards.

Borders Group, dont le siège social se trouve à Ann Arbor, dans le Michigan (nord des Etats-Unis), emploie quelque 19.500 personnes dans le monde. En 2009, il avait dégagé un chiffre d’affaires de 2,8 milliards de dollars.