Monsieur le ministre, la principale plaie du tourisme tunisien réside dans le fait que les responsables du secteur nagent en pleine inertie et immobilisme, tournent sans arrêt autour du pot au lieu d’aller droit à l’essentiel et se sont montrés incapables depuis des années d’adopter quelques solutions on ne peut plus simples à appliquer, et du jour au lendemain, s’agissant principalement d’un redéploiement des moyens existants, dans le but de s’adapter aux tendances et aux évolutions de notre époque.
Notre pays réalise toujours des performances dignes d’une grande destination touristique, mais comme je me tue à le dire dans mes différentes interventions sur ce site et sur d’autres, depuis plusieurs années déjà, la Tunisie peut facilement faire beaucoup mieux, les principaux freins à son essor étant au nombre de 2. Tout d’abord, il y a l’absence de l’open-sky, en tous cas pour les compagnies régulières low-cost, sachant que notre pays souffre d’un déficit flagrant de liaisons régulières, surtout ses aéroports de province, mais même pour Tunis qui aujourd’hui est moins bien desservie que des villes comme Beyrouth, Amman ou Casablanca alors qu’il y a quelques années c’était le contraire!
Retirez à Monastir ou Djerba les vols charters, dont la répartition est très déséquilibrée en fonction des jours et des saisons, avec des embouteillages certains jours et une offre largement insuffisante les autres jours, et ces deux aéroports tourneront pratiquement à vide, comme c’est le cas en ce moment.
Par ailleurs les hommes d’affaires ne prennent pas les vols charters, sans oublier le trafic ethnique, à savoir les Tunisiens ou les étrangers qui se déplacent pour des raisons familiales et qui aimeraient surement pouvoir voyager comme bon leur semble, le jour de leur choix, dans la période qui leur convient et pour une durée quelle qu’elle soit, pour un prix raisonnable, et aussi plus souvent.
Trouvez-vous normal qu’un aéroport comme celui de Sfax, agglomération industrielle et commerçante de plusieurs centaines de milliers d’habitants ne bénéficie que de 2 vols hebdomadaires à destination de Paris opérés par Tunisair et de quelques vols sur Tripoli, opérés par Tuninter et Libyan Arab Airlines, soit en moyenne à peine l’équivalent d’un vol international par jour, en tout et pour tout?!
Et ce 25 ans après sa mise en service?
Tunisair fait des pieds et des mains depuis des années pour entraver la concurrence mais dans le même temps se repose sur ses acquis et ne fait rien pour renforcer son activité qui stagne, voire décline, pitoyablement!
Le deuxième frein, selon moi, est l’absence de vols long-courriers desservant la Tunisie et qui nous prive de marchés essentiels comme les USA, le Canada, l’Inde, la Chine, le Japon ou le Brésil!
Il faut diversifier nos débouchés
ZERO vol long-courrier par Tunisair et ZERO de la part de compagnies étrangères, alors que nos aéroports traitent jusqu’à 250 vols internationaux par jour en haute saison, presque tous desservant l’Europe, alors pourquoi n’y aurait-il pas la possibilité de remplir 3 ou 4 avions chaque jour en provenance de destinations lointaines?
Pour moi les choses sont claires:
SANS RIEN CHANGER D’AUTRE, instaurons l’open-sky, combinons compagnies low-cost et charters, et mettons en place quelques liaisons vers des grands marchés lointains que j’ai cités plus haut, en ayant recours à quelques modestes campagnes promotionnelles, mettant en valeur les nombreux atouts et richesses de notre beau pays, et vous verrez que la croissance repartira en flèche!
Ces mesures sont applicables du jour au lendemain, nécessitent des investissements insignifiants, y compris la location d’avions gros-porteurs(en attendant la livraison de ceux en commande), payables au mois, et disponibles immédiatement!
Je pourrais tout aussi bien parler du fret aérien, domaine dans lequel certains pays dont le commerce extérieur est 10 fois inférieur au nôtre en valeur, traitent pourtant 10 fois plus de fret aérien en tonnage!
Je suggère donc à Tunisair de convertir ses 3 Airbus A300 vieillissants et en passe d’être remplacés par des A330 flambant neufs, en version cargo et de faire ce qu’il faut pour remédier à cette lacune, sinon que d’autres moins laxistes s’en chargent!
Pour ce qui est justement des avions en commande, il faudra accélérer le calendrier des livraisons pour pouvoir mettre en place un réseau long-courrier digne de ce nom et qui ressemble à autre chose qu’à du saupoudrage, sans être pour autant surdimensionné.
Les solutions existent donc pour améliorer nos performances et elles sont facilement applicables et rapidement, mais encore faut-il en avoir la volonté!
Monsieur le ministre il ne tient qu’à vous de débloquer ces freins et en vous basant sur ce que je vous ai dit, le délai de quatre semaines que vous vous êtes donné pour sauver notre tourisme est largement suffisant!
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