Un géant boursier pour s’adapter à la mondialisation de la finance

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é à la bourse de Francfort (Photo : Marius Becker)

[16/02/2011 22:55:06] NEW YORK (AFP) En s’unissant pour créer le premier opérateur boursier de la planète, Deutsche Börse et NYSE Euronext s’adaptent à la mondialisation des échanges financiers, qui s’accélère avec la montée en puissance de l’informatique et des investisseurs asiatiques.

“Avec des activités importantes aux Amériques, en Europe et en Asie, la nouvelle société peut vraiment être qualifiée d’acteur mondial”, a assuré mardi Reto Francioni, le directeur général de la Deutsche Börse.

Le nouveau groupe, en plus des Bourses de New York, Francfort, Paris, Lisbonne, Amsterdam et Bruxelles, va aussi dominer largement le marché européen des marchés dérivés, ces contrats liés aux taux de change, aux taux d’intérêt ou encore aux matières premières. En Asie et Amérique du Sud, NYSE Technologies vend ses services aux plateformes locales.

“Les marchés sont mondiaux, les marchés sont interconnectés. Les clients attendent des plateformes d’échanges qu’elles soient des partenaires non seulement dans telle ou telle région du monde, mais dans le monde entier, et pas seulement pour le courtage, mais pour tous leurs besoins du début à la fin de la chaîne des services financiers”, a insisté Duncan Niederauer, le directeur général de NYSE Euronext.

Résultat: les alliances entre les grands acteurs de la planète boursière se multiplient. Londres est en train de s’unir avec Toronto, Singapour avec Sydney. La tendance touche même les “outsiders”, puisque la plateforme alternative américaine BATS est en discussions avec son homologue pan-européen CHI-X pour le racheter.

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à la bourse de New York, en mai 2008 (Photo : Stan Honda)

Pour les analystes de la maison de courtage Jefferies, “la taille devient de plus en plus importante” pour les plateformes d’échanges.

“Ceux qui peuvent proposer un accès aux actifs du monde entier à des clients situés dans le monde entier bénéficient d’une avantage considérable”, expliquent-ils.

D’autant qu’avec les échanges électroniques, “les courtiers et investisseurs dans des endroits isolés disposent du même accès que ceux qui sont sur place”, notent-ils.

Les analystes spéculent sur l’attitude que vont adopter les autres grandes plateformes d’échanges. Le géant américain des produits dérivés, le Chicago Mercantile Exchange, que certains analystes verraient bien renchérir sur NYSE Euronext, a dit mercredi “surveiller” la situation.

Et une source du Nasdaq, la Bourse électronique de New York, a indiqué à la chaîne financière CNBC qu’elle ne comptait pas “rester les bras croisés”.

“Il y a beaucoup de bonnes raisons économiques pour devenir un grand groupe mondial d’échanges”, estime James Angel, professeur de finance à l’université de Georgetown. “Par ailleurs, les clients sont aussi de grands groupes mondiaux”.

Dans cette évolution, “l’Asie est en train de devenir plus puissante”, ajoute-il. “De nombreuses questions se posent quant à l’attitude que vont adopter Tokyo ou Hong Kong: vont-ils acheter ou être achetés?”

Selon le New York Times, le Hong Kong Exchange a dit qu’il envisagerait “des opportunités d’alliances, de partenariats et d’autres relations à l’international”.

“On ne voit pas encore de groupe qui intègre l’Asie ou l’Afrique”, observe Michael Wong, analyste chez Morningstar. “On va probablement y arriver, cela va probablement se passer dans les années à venir”.

Selon lui, le principal obstacle à cette évolution est réglementaire: en Inde, une société étrangère ne peut pas détenir plus de 5% de la Bourse et en Chine continentale, les plateformes boursières sont contrôlées par l’Etat.

M. Niederauer a laissé entendre mardi qu’il y avait peu d’opportunités en Asie.

“Nous avons déjà de bons partenariats dans la région”, a assuré le directeur général de NYSE Euronext, citant Singapour, Hong Kong, Tokyo. “A court terme il faut s’attendre à nous voir cultiver ces relations”.