à Arlington, Virginie (Etats-Unis), le 26 novembre 2010. (Photo : Rod Lamkey) |
[17/02/2011 18:10:40] WASHINGTON (AFP) La hausse des prix à la consommation commence à donner des signes d’accélération aux Etats-Unis, mais la banque centrale reste persuadée que l’inflation va rester trop basse encore un certain temps.
Selon des chiffres publiés jeudi par le département du Travail, les prix à la consommation ont augmenté de 0,4% sur un mois en janvier, soit autant qu’en décembre, où la hausse des prix avait atteint son plus haut niveau en un an et demi.
En glissement annuel, l’inflation mesurée par les prix à la consommation s’est accélérée légèrement pour atteindre 1,6%, son plus haut niveau depuis le mois de mai 2010.
Le ministère indique que la hausse des prix de l’alimentation et de l’énergie a été responsable de plus de deux tiers de la hausse de son indice à Arlington, Virgineen glissement mensuel.
L’inflation de base (hors alimentation et énergie) s’est néanmoins accélérée. Elle était fin janvier de 1,0%, son plus haut niveau depuis mars 2010.
Les chiffres du ministère montrent que la hausse des prix à la consommation reste beaucoup plus faible que celle des prix à la production (+0,8% sur un mois en janvier) et des prix à l’importation (+1,5%), signe que les entreprises américaines absorbent une bonne partie de ces hausses sans les répercuter au consommateur final.
Les dirigeants de la banque centrale (Fed) jugent souhaitable que l’inflation soit comprise entre 1,6 et 2,0% en glissement annuel.
éricaine de janvier 2010 à janvier 2011 |
L’indicateur qui leur sert de référence n’est pas celui du ministère du Travail, mais l’indice des prix associés aux dépenses de consommation (PCE) publié par le département du Commerce.
Celui-ci donne une inflation inférieure à 1,6% depuis le mois de juin (de 1,2% en décembre). Les chiffres de janvier doivent être publiés le 28 février.
Les minutes de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed (fin janvier) publiées mercredi ont montré que “la plupart” des dirigeants de la banque centrale percevaient “la forte sous-utilisation des ressources était susceptible de continuer à entraver la progression de l’inflation”.
Le risque de déflation – qui tourmentait il y a quelques mois encore la plupart des chefs de la Fed – “a diminué”, ajoute ce document, mais nombre de membres du FOMC estiment que la hausse des prix ne devrait pas revenir à un niveau convenable à leurs yeux avant longtemps.
Les membres du Comité estiment que l’inflation PCE devrait être comprise entre 1,3 et 1,7% cette année, et entre 1,0 et 1,9% en 2012.
Pour l’instant, les membres du Comité les plus attachés au contrôle de l’inflation se contentent de dire qu’ils donneront de la voix dès lors qu’il y aura danger à leurs yeux afin que la Fed commence à resserrer d’une manière où d’une autre sa politique ultra-accommodante.
C’est la preuve que même pour eux, les attentes d’inflation restent, selon la formule consacrée, “bien arrimées”.
Cet avis est partagé par plusieurs analystes.
Nigel Gault, du cabinet IHS Global Insight juge ainsi qu'”il ne pourra y avoir de spirale inflationniste que si la hausse des salaires s’accélère”.
Or c’est loin d’être le cas pour l’instant: le département du Travail a indiqué jeudi que le salaire hebdomadaire réel moyen avait baissé pour le troisième mois de suite au moins en janvier. Et pour M. Gault, ça ne devrait pas arriver de sitôt.
Alistair Bentley, de TD Financial, note néanmoins que le défi qui se pose désormais à la Fed est celui de “gérer convenablement les attentes d’inflation”, et que cela nécessite une “communication plein de finesse”.