à Séoul (Photo : Romeo Gacad) |
[18/02/2011 10:38:03] MILAN, Italie (AFP) Les chances de l’Italien Mario Draghi de prendre la tête de la BCE ont augmenté depuis la défection de l’Allemand Axel Weber mais il faudra encore convaincre Berlin d’accepter un gardien de l’euro issu d’un pays endetté du Sud de l’Europe.
“Ses chances ont augmenté mais ce n’est absolument pas fait”, juge Marco Valli, économiste d’UniCredit.
L’éventualité de voir un Allemand à la tête de la BCE (Banque centrale européenne) semble avoir été réduite à néant depuis l’annonce vendredi dernier de la démission d’Axel Weber de la Bundesbank et la décision de le remplacer par Jens Weidmann, conseiller économique d’Angela Merkel.
Parmi les autres candidats potentiels figurent le gouverneur de la Banque centrale du Luxembourg, Yves Mersch, mais sa nomination est “presque impossible” de l’avis du ministre luxembourgeois des Finances Luc Frieden, l’Allemand Klaus Regling, président du Fonds européen de stabilité financière qui est desservi par son inexpérience en matière monétaire, et le président de la Banque de Finlande, Erkki Liikanen.
La voie semble se dégager pour le gouverneur de la Banque d’Italie qui dispose, selon les observateurs, du meilleur CV pour succéder à Jean-Claude Trichet en octobre.
Professeur d’économie, directeur du Trésor italien de 1991 à 2001, Mario Draghi, 63 ans, a redoré depuis 2006 le blason d’une Banque d’Italie à la crédibilité ruinée par Antonio Fazio, impliqué dans un scandale bancaire.
Réputé pour son sérieux, sa diplomatie et sa discrétion, il a gagné une stature internationale durant la crise comme président du Conseil de stabilité financière (CSF).
ère allemande Angela Merkel à Hambourg le 17 février 2011 (Photo : Malte Christians) |
Mais “comme très souvent en Europe, trouver quelqu’un pour un poste important ne signifie pas seulement trouver la meilleure personne (…). Les intérêts nationaux comptent”, souligne Carsten Brzeski d’ING.
“Cela dépendra beaucoup des calculs effectués par la chancelière Merkel”, note Julian Callow de Barclays Capital.
Perçu comme un “faucon modéré” en matière monétaire, M. Draghi devra convaincre une Allemagne traumatisée par l’hyperinflation des années 1930 et qui pourrait être réticente, avec les autres pays du nord de l’Europe, à l’idée de porter un autre représentant d’un pays endetté du Sud à la direction de la BCE, le poste de vice-président étant occupé par le Portugais Vitor Constancio.
“Qui doit gérer l’héritage du bon et stable Deutschemark. Un homme de la lire! Pour mémoire, c’était cette monnaie avec plein de zéros…”, écrivait le quotidien populaire Bild en mars 2010.
Les milieux économiques allemands sont en revanche bien disposés à son égard.
M. Draghi s’est ainsi lancé dans une opération séduction, soulignant mardi dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung que l’Allemagne était un “modèle” et appelant le même jour à Rome à sauvegarder la crédibilité de la politique monétaire européenne.
Paris a promis de son côté de faire son choix “en fonction des mérites”, a indiqué la ministre de l’Economie Christine Lagarde, notant que M. Draghi était un “homme de grande qualité” mais qu’il fallait “regarder toutes les candidatures”.
Le passé de M. Draghi à la banque d’affaires controversée Goldman Sachs pourrait le desservir même si selon M. Valli, “cela devrait être un avantage, si on évite les considérations démagogiques, car il connaît le marché”.
Reste à savoir si l’affaiblissement du chef du gouvernement Silvio Berlusconi à cause du “Rubygate” diminuera la capacité de l’Italie à faire nommer M. Draghi.