Le moral des industriels s’effrite légèrement en février

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ën, le 5 novembre 2008 (Photo : Jeff Pachoud)

[18/02/2011 10:47:55] PARIS (AFP) Le moral des industriels français a accusé un léger coup d’arrêt en février, peu étonnant aux yeux des économistes, qui anticipent un ralentissement de la production industrielle dans les mois à venir, en raison notamment de la fin de la prime à la casse.

Le moral des industriels a enregistré en février une baisse de deux points par rapport au mois précédent, à 106 points, après deux mois de hausse consécutive, a annoncé vendredi l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Il reste néanmoins au-dessus de sa moyenne de longue période (100 points).

“Le fait d?être revenus au-dessus de la moyenne ne signifie pas que nous sommes revenus à la normalité”, a tempéré Alexander Law, chez Xerfi.

“La production reste inférieure de plus de 10% à son sommet de début 2008 et l?industrie française demeure particulièrement fragile”, a-t-il en effet rappelé.

Les entrepreneurs de l?industrie manufacturière interrogés en février estiment que leur activité passée est restée soutenue, avec un solde d?opinion nettement supérieur à sa moyenne de longue période, souligne l’Insee.

Les carnets de commandes globaux se dégarnissent, retrouvant ainsi leur niveau moyen de longue période mais les carnets de commandes étrangers demeurent considérés comme légèrement supérieurs à la moyenne.

Selon les chefs d’entreprise interrogés, l?activité au cours des prochains mois resterait dynamique : bien qu?en léger repli, les perspectives personnelles de production restent élevées. Et les perspectives générales, qui représentent l?opinion des industriels sur l?activité de l?industrie dans son ensemble, s?améliorent encore.

Mais pour Alexander Law, il s’agit d’un “optimisme de façade” qui résistera mal à la réalité des faits. Ainsi, les stocks de produits finis demeurent faibles car “les chefs d?entreprise, échaudés par la crise, ne veulent plus voir s?accumuler les stocks qui peuvent peser lourdement sur la trésorerie en cas de retournement de la conjoncture”, estime l’économiste.

L’autre inquiétude concerne l’automobile, dont la production devrait être pénalisée par la fin de la prime à la casse, intervenue au 1er janvier. Et si ce secteur ne représente que 10% de la production manufacturière totale, il a un effet d’entraînement sur de nombreuses autres branches, relève Alexander Law.

“La production automobile, très dynamique au cours des derniers mois, devrait ralentir sous le coup d’une baisse de la demande liée à la fin de la prime à la casse”, renchérit Victoire Dumaine-Martin, économiste chez Natixis.

Pour l’économiste, la production de l’industrie manufacturière, qui a progressé de 5,8% en 2010, devrait ainsi “ralentir nettement” en 2011, spécialement dans le secteur automobile.

La faible progression des revenus des ménages et des bénéfices des entreprises devraient par ailleurs peser sur la demande intérieure, estime l’économiste.

“A contrario, la robustesse de l’Allemagne” –principal partenaire commercial de la France– “et spécialement son secteur manufacturier, devrait soutenir les exportations françaises et sa production industrielle”, estime Mme Dumaine-Martin.