ésident turkmène Nyazov à Achgabat en 2007 (Photo : Mustafa Ozer) |
[18/02/2011 11:24:05] MOSCOU (AFP) Médias indépendants, blogs et réseaux sociaux: les régimes autoritaires de l’Asie centrale ex-soviétique n’ont pas attendu les révolutions égyptiennes et tunisiennes pour contrôler l’accès aux sites susceptibles de stimuler les protestations.
L’Ouzbékistan use de l’arsenal policier pour contrôler les internautes, le Turkménistan pratique des tarifs prohibitifs, et au Kazakhstan une législation draconienne limite l’activité des blogueurs.
Les Turkmènes ont dû attendre 2008 pour avoir l’internet à domicile, et à des prix exhorbitants: la connexion haut débit -sous monopole d’Etat- coûte 7.000 dollars (5.000 euros) par mois.
De plus, l’internet est sévèrement restreint, ce qui lui vaut le surnom de “Turkmenet”: YouTube, Facebook, Twitter, les plateformes de blogs comme livejournal, au même titre que les sites d’opposition, ne sont pas accessibles.
Les cafés-internet sont autorisés depuis février 2007, mais les clients doivent y présenter une pièce d’identité.
Les médias d’Etat du Turkménistan et d’Ouzbékistan n’ont pas mentionné une seule fois les révolutions égyptienne et tunisienne, où l’internet a permis la mobilisation.
Les Etats-Unis ont dans ce contexte adressé une mise en garde aux pays d’Asie centrale mercredi.
“Il est important pour les dirigeants de pays où les sociétés sont contrôlées d’écouter les leçons de la Tunisie et de l’Egypte”, a jugé Robert Blake, secrétaire d’Etat américain adjoint, en visite au Turkménistan.
Un message que l’Ouzbékistan ignorera sans doute. Ce pays, dirigé depuis plus de vingt ans par le président Islam Karimov, a mis en place un contrôle étroit des internautes dès le début les années 2000, après les révolutions en Ukraine et en Géorgie.
Tout abonné peut ainsi être débranché à tout moment, si son activité sur le net est jugée dangereuse pour l’Etat.
Le modérateur du forum arbuz.com -installé à l’étranger et critique du régime ouzbek- met en garde ses visiteurs qui risquent selon lui d’être arrêtés.
“Vous ne devez JAMAIS et en AUCUNE circonstance accéder au forum lorsque vous êtes en Ouzbékistan (…) je veux garantir votre sécurité, je vous encourage donc à prendre mon message très au sérieux”, souligne-t-il.
Par ailleurs, dans les cybercafés, des pancartes préviennent : “Visiter des sites au contenu anticonstitutionnel, extrémiste ou pornographique est interdit” et les documents amenés sur clés USB par les clients sont filtrés au préalable par les employés du café.
“Malgré l’existence des nouvelles technologies de communications, l’Ouzbékistan reste largement isolé du reste du monde”, selon le défenseur des droits de l’Homme Sourat Ikramov.
L’ONG Reporter Sans Frontières classe le Turkménistan et l’Ouzbékistan parmi les 12 pays “ennemis d’internet”, avec la Corée du Nord notamment.
Au Kazakhstan, dirigé depuis 1989 par Noursoultan Nazarbaïev, le contrôle s’est fortement resserré en 2009, une loi assimilant depuis tout site internet à un média.
“La situation en matière de liberté d’expression s’est vraiment aggravée depuis 2009”, déplore Irina Mednikova, dirigeante de l’association kazakh “Pour un Internet Libre”, “tout site est automatiquement considéré comme un média et doit s’enregistrer au ministère de la Justice, même les blogs”.
En plus des médias d’opposition -le journal Respoublika, la télévision en ligne kplus-tv.net- qui sont régulièrement bloqués, les plateformes de blogs livejournal, blogspot et kub.info sont inaccessibles au Kazakhstan.
“Nous observons continuellement des pressions sur les publications (kazakhes) indépendantes sur internet, et il n’y en a qu’une dizaine”, regrette Mme Mednikova.