Le Groenland, un Eldorado de l’Arctique pour les compagnies pétrolières

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ouest du Groenland (Photo : Slim Allagui)

[18/02/2011 12:53:03] COPENHAGUE (AFP) Alléchées par les immenses réserves d’hydrocarbures inexploitées dans l’Arctique, les compagnies pétrolières ont mis le cap sur le Groenland, un Eldorado qui suscite beaucoup de convoitises au grand dam des défenseurs de l’environnement.

“Nous n’avons jamais connu autant d’intérêt pour l’exploration pétrolière au Groenland”, constate Joern Skov Nielsen, directeur du Bureau du pétrole et des minéraux.

Signe de cet engouement, le gouvernement local a attribué en novembre dernier 7 blocs de prospection dans la baie de Baffin, à l’ouest du Groenland, à huit compagnies pétrolières comme l’Américaine ConocoPhillips, l’anglo-néerlandaise Shell ou encore l’écossaise Cairn Energy.

Selon l’Institut de géophysique américain (USGS), plus d’un cinquième des réserves d’hydrocarbures encore non découvertes dans le monde se situent au nord du cercle polaire. Localisées à 84% en mer, elles représenteraient 13% des ressources planétaires de pétrole et 30% des réserves de gaz naturel.

Les eaux autour du Groenland recouvriraient selon ces estimations 51 milliards de barils de pétrole, dont 17 milliards entre l’ouest de l’île et l’est du Canada et 31,4 milliards au nord-est de l’immense territoire arctique.

En pointe, Cairn Energy a réalisé l’été dernier trois forages présentés comme “extrêmement encourageants” dans la baie de Disko et perturbés pendant deux jours par Greenpeace. Il compte creuser 4 puits cette année.

“2011 constitue notre troisième année d’opérations au Groenland où nous allons investir quelque 500 millions de dollars, portant nos investissements totaux à plus d’un milliard de dollars”, selon Simon Thomson, son directeur commercial.

Le gouvernement groenlandais fonde lui aussi beaucoup d’espoirs sur le pétrole, tremplin pour accéder à l’indépendance du Danemark. Les 56.000 habitants à majorité inuite vivent pour l’heure principalement de la pêche et des subsides de Copenhague.

“Le pétrole représente le plus grand potentiel pour nous rendre indépendant économiquement”, juge Ove Karl Berthelsen, ministre des Ressources minérales.

La catastrophe de BP l’année dernière dans le Golfe du Mexique a amené les Groenlandais à “imposer une législation plus stricte qu’en mer du Nord et des garanties substantielles aux compagnies” et “nous veillons essentiellement à ce que la prospection pétrolière ne vienne pas à détruire notre première ressource, la pêche, et l’environnement”, assure-t-il.

Encouragé par le nombre record de demandes de licences, le gouvernement de Nuuk va lancer fin 2011 un nouveau round pour le nord-est de l’île.

Le réchauffement climatique pourrait “transformer cette région en un Eldorado”, d’autant que “sa géologie est la même que celle du nord-ouest de la Norvège où on a fait de grandes découvertes”, confie Joern Skov Nielsen et “la possibilité de trouver des hydrocarbures est très élevée, jusqu’à 70%”.

Mettant en garde contre “une course suicidaire aux hydrocarbures”, Greenpeace envisage de nouvelles actions pour stopper les forages dans “le milieu fragile” de l’Arctique.

“Il faut y mettre un terme, car le gouvernement groenlandais n’a pas les capacités pour contrôler les forages des compagnies”, estime son secrétaire général nordique, Mads Flarup Christensen.

“Greenpeace fait preuve d’arrogance. Nous pouvons très bien assurer des contrôles réguliers avec l’assistance d’experts norvégiens et canadiens comme lors des premiers forages de Cairn”, rétorque M. Nielsen.

Pour le chef du gouvernement, Kuupik Kleist, “Greenpeace — comme dans ses campagnes contre la chasse aux phoques– freine encore une fois les possibilités d’assurer un meilleur avenir” aux Inuits du Groenland.