Tunisie : Le gouvernement de transition a-t-il conscience des limites de son rôle?

Je pense que ce gouvernement ne doit pas oublier qu’il est un gouvernement de
transition et que son rôle ne doit pas toucher des réformes structurelles.


Le rôle de ce gouvernement est d’abord de rétablir la confiance dans le système
et les rouages de l’Etat et donner des signaux forts de justice, de transparence
et d’honnêteté. Il devra assurer la permanence à bord du navire Tunisie avant
que l’équipage final émanant d’élections transparentes et démocratiques ne
prenne les leviers de commande.

Le peuple et l’histoire pardonneront le manque d’expérience et les erreurs qu’il
pourrait commettre, mais le peuple ne pardonnera pas qu’on le berne et qu’on lui
mente encore.

A mon avis, il y a un rôle vital que les médias doivent jouer, et force est de
constater que la plupart d’entre eux pêchent par populisme et manque de
professionnalisme. Ceux qui applaudissaient et bénissaient avec leurs plumes et
caméras tout ce que Ben Ali et Bourguiba ont mis en place sont aujourd’hui en
train de servir l’UGTT et les milices du RCD en transmettant pèle-mêle tout ce
qui leur tombe sous la main sans vérification et sans analyse. Nous sommes de
nouveau obligés de nous rabattre sur des médias étrangers pour savoir ce qui se
passe vraiment chez nous. Résultat de l’exercice, le «citoyen rebelle» continue
à se méfier de tous, et dans son raisonnement il est convaincu que s’il
n’arrache pas tout de suite ce qu’il peut, on ne lui donnera plus sa chance une
fois que tout sera plus calme. Il utilise les médias pour faire encore plus
pression sur le système et le gouvernement, et celui-ci cède sur tout. De quel
droit? Qui leur a donné mandat d’accorder toutes ces concessions? D’où
paieront-ils ces concessions? C’est criminel de signer un chèque à blanc quand
ces ministres savent pertinemment que d’autres devront payer l’addition.

Des poubelles qui s’accumulent partout, des vendeurs à la sauvette qui prennent
de force les trottoirs de la capitale, des aéroports bloqués et des vols
annulés, des maisons bâties sur les terrains des autres, des maisons sociales
squattées, nos enfants pris en otage par les professeurs… Où va-t-on? Quelle
est la différence entre ce qui se passe et ce qui se passait sous le régime Ben
Ali? Pour moi, c’est le même raisonnement: la loi c’est pour les autres, nous on
fait ce qu’on veut!

Comment peut-on avoir finalement confiance? Qui arrêtera ce chaos et cette
gabegie? Où va-t-on ?

Les membres de ce gouvernement doivent prendre leur responsabilité. Tous égaux
devant la justice! C’est le message fort qu’ils doivent véhiculer, on ne leur
demande pas plus pour cette phase de transition….