Les Etats-Unis ont de la marge pour augmenter les impôts

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évrier 2011 (Photo : Spencer Platt)

[21/02/2011 11:21:29] WASHINGTON (AFP) L’accent mis sur la question des coupes budgétaires dans le débat politique qui enflamme Washington occulte une réalité: les Etats-Unis ont de la marge pour augmenter les impôts.

Selon les dernières statistiques disponibles de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le ratio des recettes fiscales au PIB des Etats-Unis est l’un des plus faibles des pays développés.

Il était de 26,9% en 2008, et l’OCDE, qui fait référence en la matière, ne recense que trois de ses membres avec une pression fiscale plus faible: Mexique, Turquie et Corée du Sud.

La question du niveau des taxes aux Etats-Unis est reléguée au second plan du débat sur la réduction d’un déficit budgétaire qui campe au sommet depuis deux ans.

Les républicains, majoritaires à la Chambre basse, proposent de couper sans retenue dans les dépenses – notamment sociales – de l’Etat fédéral. S’ils parlent des impôts, c’est pour les réduire et préserver les avantages accordés aux plus riches sous le président George W. Bush (2001-2009).

Dans son projet de loi de finances initial pour l’exercice budgétaire 2012 dévoilé lundi, le gouvernement ambitionne de réduire le déficit comme jamais depuis 1946.

Il compte pour cela sur une croissance robuste – irréaliste selon plusieurs économistes – qui grossirait fortement, presque à elle seule, les recettes fiscales, les impôts n’étant censés augmenter pratiquement que pour une infime proportion des Américains les plus aisés, qui perdraient leurs avantages des années Bush. La baisse du déficit passerait aussi par de fortes coupes dans les dépenses, mais dans une moindre mesure.

L’augmentation des prélèvements obligatoires est impopulaire sous toutes les latitudes, mais le sujet prend un tour particulièrement passionné aux Etats-Unis, pays né d’une révolte populaire contre l’impôt, dû à l’époque au roi d’Angleterre.

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à Berkeley, en Californie, le 16 février 2011 (Photo : Justin Sullivan)

La dernière entreprise réussie de réduction du déficit, sous le président Bill Clinton (1993-2001) – qui avait ramené le pays à des excédents budgétaires à la fin de son mandat, enseigne pourtant que ce succès avait été rendu possible par une baisse continue des dépenses publiques et une augmentation des impôts.

Selon l’OCDE, le taux des recettes fiscales de l’Etat était passé de 27,9% du PIB en 1995 à 29,9% en 2000, soit trois points de plus qu’en 2008.

Face à des républicains qui accusent l’impôt de tuer la croissance, le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a déclaré jeudi devant des sénateurs, sans jamais parler de hausse des impôts, qu’il serait impossible de “ramener le déficit à un niveau viable” sans “se pencher sur les recettes”.

La veille, il avait invité un élu républicain de la Chambre des représentants à considérer le fait que pendant la décennie 1990, “le pays s’en sortait bien” et que “le monde enviait” la croissance américaine.

De fait, les Etats-Unis n’ont jamais retrouvé la croissance qu’ils avaient connue sous M. Clinton de 1996 à 2000 (hausse annuelle du PIB de 3,7 à 4,8%).

Le président Barack Obama a annoncé fin janvier son intention de baisser le taux de l’impôt sur les sociétés. Mais le gouvernement a précisé ensuite qu’il s’agissait de rendre le système plus efficace, faisant craindre aux républicains que la réforme ne masque une hausse d’impôts.

Sur le papier, le taux maximal de l’impôt sur les sociétés américain est l’un des plus élevés des pays développés, mais les dérogations sont telles que l’efficacité de cette taxe est l’une des plus faibles des pays de l’OCDE.