Les affaires italiennes de Mouammar Kadhafi

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ût 2008 à Benghazi (Photo : Livio Anticoli)

[22/02/2011 10:57:00] MILAN (Italie) (AFP) D’UniCredit à Finmeccanica en passant par ENI ou la Juventus, le régime de Mouammar Kadhafi a investi ses “pétrodollars” dans les entreprises de la péninsule qui peut compter en contrepartie sur le pétrole libyen et de juteux contrats.

Les liens entre les deux pays se sont resserrés depuis la signature en août 2008 d’un accord historique soldant les comptes de la colonisation italienne (1911-1942). Silvio Berlusconi avait alors présenté les excuses de l’Italie et s’était engagé à verser 5 milliards de dollars de dédommagements en 25 ans sous forme d’investissements.

Depuis ce traité, Tripoli — qui avait déjà investi dans des entreprises italiennes et avait notamment détenu jusqu’à 10% de Fiat avant de céder sa part — a renforcé sa présence dans le capital des grands groupes italiens.

Selon le quotidien Il Sole 24 Ore, la valeur des particpations détenues par la Libye en Italie s’élève à 3,6 milliards d’euros.

Signe de l’étroitesse des liens entre les deux pays, l’inquiétude suscitée par les violences en Libye a fait chuter la Bourse de Milan de 3,59% lundi. Mardi vers 10H00 GMT, elle était suspendue à cause d’un “problème technique”.

L’investissement le plus important de la Libye est UniCredit. A l’automne 2008, en pleine crise financière, la banque centrale libyenne était montée à plus de 4% de la première banque italienne, alors en mauvaise posture.

Avec l’entrée du fonds souverain Libyan Investment Authority (LIA) l’été dernier, la Libye est devenue le premier actionnaire d’UniCredit avec une part globale de 7,582%, ce qui avait provoqué une grave crise ayant abouti à l’éviction du patron Alessandro Profumo par les actionnaires.

La LIA détient par ailleurs depuis fin janvier 2,01% du groupe d’aéronautique et de défense Finmeccanica, contrôlé par l’Etat italien.

La Libye détient également environ 0,5% du groupe pétrolier ENI selon une source proche du dossier. Cette participation n’a pas été signalée à l’autorité boursière car elle est inférieure à 2%. Tripoli avait signalé fin 2008 son intention de prendre de 5 à 10% d’ENI mais cela ne s’est finalement pas fait.

A travers la Libyan Arab Foreign Investment Company, Tripoli a aussi 7,5% du club de football de la Juventus de Turin. La Libye avait également manifesté son intérêt pour le groupe d’énergie Enel ou Telecom Italia mais cela est resté lettre morte.

En contrepartie, l’Italie reçoit près du tiers du pétrole extrait en Libye où ENI est le premier producteur étranger.

Des entreprises italiennes ont été sélectionnées pour de juteux contrats (universités notamment pour Impregilo, sécurité et ferroviaire pour Finmeccanica, autoroute…) et UniCredit a obtenu de son côté le feu vert pour ouvrir une filiale en Libye.

L’ancienne puissance coloniale est le premier partenaire commercial de Tripoli: en 2009, l’Italie était le premier débouché des exportations libyennes (20%) et le premier exportateur en Libye, avec une part de marché de 17,5%. 180 entreprises italiennes sont installés sur place ainsi que quelque 1.500 citoyens italiens.