à Séoul le 22 février 2011 (Photo : Jung Yeon-Je) |
[22/02/2011 11:47:26] PARIS (AFP) La poussée de violences dans le monde arabe et particulièrement en Libye a fait trembler les Bourses asiatiques et européennes, en net recul mardi, et flamber les cours de brut, sur fond de craintes d’approvisionnement en gaz et pétrole.
Tokyo (-1,78%) et Hong Kong (-2,11%) ont chuté en clôture, et Paris (-1,54%), Londres (-1,11%) et Francfort (-0,50%) baissaient sensiblement vers 11h00 GMT, les marchés américains ayant jusqu’ici été préservés par la fermeture des Bourses lundi en raison d’une fête nationale (President’s Day).
Première source de préoccupation: le pétrole, qui a atteint des niveaux inédits depuis 2008, en raison principalement de l’escalade meurtrière en Libye, l’un des principaux producteurs d’or noir en Afrique, qui fait peser une menace directe sur l’approvisionnement.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord s’échangeait à 106,80 dollars peu avant 11H00 GMT après avoir atteint 108,57 dollars dans la matinée, un plus haut depuis septembre 2008.
Le prix du panier de douze qualités de pétrole brut, qui sert de référence à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a franchi la barre des 100 dollars pour la première fois depuis septembre 2008, pour atteindre 100,59 dollars.
L’Opep a affirmé surveiller l’évolution de la situation en Libye, l’un de ses principaux pays exportateurs, se disant prête à réagir “si cela s’avérait nécessaire”.
à Louxor déserté le 10 février 2011 (Photo : Daphne Benoit) |
La situation dans le monde arabe a créé une réaction en chaîne au sein du monde économique. Outre la paralysie des économies des pays concernés -tourisme en berne, Bourses ou banques fermées-, elle touche de plein fouet les entreprises qui y sont implantées.
Face à ces violences, les compagnies pétrolières implantées en Libye, comme le britannique BP, le français Total, l’italien ENI, l’espagnol Repsol, le norvégien Statoil et les allemandes Wintershall et RWE Dea, ont commencé à évacuer leurs salariés.
Mais elle frappe également les sociétés dans les secteurs du tourisme ou celle ayant de gros besoins pétroliers, à commencer par les compagnies aériennes.
A la Bourse de Paris mardi matin, le titre du groupe Air France-KLM chutait fortement, directement pénalisé par l’envolée des cours du pétrole. Même chose à Francfort pour Lufthansa.
“Si les tensions se maintiennent il faudra que la compagnie (Air France-KLM) fasse payer au voyageur le surcoût lié à l’envolée de l’or noir”, a averti un analyste parisien.
Autre dégât collatéral: l’euro était en recul marqué mardi matin.
“Le marché est entièrement focalisé sur la situation au Moyen Orient et en Libye, où la situation est totalement incertaine”, a déclaré Teppei Ino, analyste de Bank of Tokyo-Mitsubishi UFJ.
“Les investisseurs fuient les actifs risqués en raison des tensions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient et de la baisse des Bourses asiatiques”, a-t-il ajouté.
or (Photo : Thomas Samson) |
A l’inverse, les traditionnelles valeurs-refuge, comme l’or ou le franc suisse, ont connu une réelle ascension. Le marché obligataire s’est également légèrement détendu, profitant du recul des marchés actions.
Outre l’approvisionnement en pétrole, l’inquiétude qui pèse sur les économies mondiales est de voir les troubles au Moyen-Orient plomber la timide reprise, la hausse du brut entraînant une hausse des prix des carburants, puis des prix en général, dans des pays à peine remis de la crise de 2008/2009.
Après Fitch, Standard and Poor’s a abaissé mardi la note de la Libye d’un cran.
Conscient de ce risque, le Premier ministre japonais Naoto Kan a aussitôt convoqué une réunion d’urgence de ses principaux ministres, et a déclaré en préambule: “Le plus grand risque pour la croissance économique du Japon serait une hausse des prix du pétrole”.