La production libyenne d’hydrocarbures commence à pâtir de la révolte

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épôt de carburant le 28 janvier 2011 (Photo : Kenzo Tribouillard)

[22/02/2011 15:40:02] PARIS (AFP) La production d’hydrocarbures libyens a commencé à ralentir mardi à cause de l’insurrection qui frappe le pays, risquant de déstabiliser encore plus un marché du pétrole déjà fébrile malgré les promesses de l’Arabie saoudite, qui assure qu’il n’y aura pas de pénurie.

A l’ouverture du marché à New York, le baril a gagné plus de 8%, alors que les cours du brut pointent à des niveaux records depuis 2008.

Vers 14H30 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” pour livraison en mars s’échangeait à 92,92 dollars.

A Londres, sur l’Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance avril s’affichait en hausse de 1,06 dollar à 106,80 dollars.

“Le marché est inquiet face à la menace d’une guerre civile”, a commenté Phil Flynn, de PFG Best.

Le groupe espagnol Repsol a annoncé mardi qu’il suspendait sa production de pétrole en Libye, tandis que l’électricien italien Edison révélait que les livraisons de gaz libyen par son compatriote Eni ralentissaient.

La Libye était en proie mardi au chaos en raison de l’insurrection contre le dirigeant Mouammar Kadhafi. Les violences qui secouent le pays depuis une semaine auraient fait plusieurs centaines de morts, selon les différents bilans.

Les promesses rassurantes du premier producteur de pétrole de l’Opep, l’Arabie Saoudite, ne semblent pas réellement avoir apaisé les marchés.

“Il n’y a pas d’hésitation (à avoir), il ne doit pas y avoir de pénurie de l’offre”, a affirmé le vice-ministre saoudien du pétrole Abdelaziz ben Salman sur la chaîne financière américaine CNBC.

“Le marché sait que l’Arabie saoudite a une bonne capacité excédentaire et y a eu recours lorsque cela s’est avéré nécessaire par le passé”, a ajouté le responsable.

“Les investisseurs ne doivent pas réagir au risque. S’il y a le feu dans la maison, la panique mène au désastre”, a-t-il poursuivi.

Les Etats-Unis ont appelé l’ensemble des pays producteurs de pétrole dont ceux de l’Opep, à accroître leur production, a indiqué le secrétaire américain adjoint à l’Energie Daniel Ponemann.

Sur le terrain, la production a commencé à pâtir de la situation.

Repsol a annoncé qu’il suspendait son activité. “Nous avons suspendu aujourd’hui (mardi) nos opérations en Libye”, a déclaré un porte-parole.

En 2009, la production nette du groupe était de 34.777 barils de pétrole par jour en Libye. Repsol ne disposait dans l’immédiat que de chiffres de productions nets, correspondant à la part qu’il perçoit sur l’exploitation de ses puits. Il n’était pas en mesure de donner dans l’immédiat le chiffre total de la production paralysée par sa décision d’arrêter l’exploitation, qui dépend du taux d’imposition prélevé par la Libye.

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étrole libyen

La production libyenne est evaluée entre 1,5 et 1,8 millions de barils par jour, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).

Autre signe de trouble des exportations: le groupe italien ENI, largement présent en Libye, a averti Edison qu’il y avait un ralentissement du flux dans le gazoduc Greenstream à travers lequel ENI importe du gaz libyen, a indiqué une source au sein d’Edison, qui n’était toutefois pas en mesure de préciser l’ampleur de ce ralentissement.

La Libye, membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), est l’un des quatre principaux producteurs d’Afrique avec le Nigeria, l’Angola et l’Algérie.

La Libye compte les plus grosses réserves de pétrole en Afrique, avec 44 milliards de barils, et Tripoli est surtout un important fournisseur des pays européens, avec plus de 400.000 barils exportés quotidiennement vers l’Italie, 178.000 vers l’Allemagne, 133.000 vers la France et 115.000 vers l’Espagne, d’après des statistiques de 2009.