Une rue de Dublin (Photo : Miguel Riopa) |
[22/02/2011 16:44:13] BRUXELLES (AFP) Les Européens n’entendent pas faire de cadeau à l’Irlande sur son plan de sauvetage après les élections de vendredi et pourraient exiger des contreparties à une éventuelle baisse du taux d’intérêt des prêts octroyés à Dublin, notamment dans le domaine fiscal.
“Il est essentiel de respecter le plan (…), particulièrement pour 2011”, a prévenu récemment le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, mais “concernant les années ultérieures, il y a plus de marge de manoeuvre” pour des aménagements.
Il pourrait s’agir notamment de modulations mineures dans la mise en place des mesures d’austérité prévues en échange des prêts de 85 milliards d’euros, sans changer néanmoins la date butoir de 2015 fixée par l’Union européenne pour ramener le déficit irlandais sous la limite autorisée de 3% du PIB.
Le Labour irlandais (gauche), qui veut repousser l’échéance à 2016, a peu de chance d’être entendu.
La Commission européenne s’est en revanche montrée ouverte concernant une baisse du taux d’intérêt exigé pour le prêt à l’Irlande, actuellement de 5,8% en moyenne.
Les Irlandais le jugent “punitif”. C’est l’une des principales exigences d’Enda Kenny, chef de file du parti d’opposition Fine Gael (centre) et favori des sondages pour devenir Premier ministre à l’issue des élections législatives.
“L’Irlande veut payer sa part, et elle le fait déjà, mais nous estimons que nous avons besoin d’aide quant au poids que représentent le taux d’intérêt et le coût de la restructuration des banques”, a-t-il dit lundi.
Au niveau européen, cette question est débattue dans le cadre de tractations plus vastes visant à doter la zone euro d’un Fonds de secours financier renforcé pour faire face à de nouvelles crises de la dette, avec en contrepartie un durcissement de la discipline commune en matière budgétaire et de réformes. L’objectif est d’obtenir un accord d’ici à fin mars.
C’est “un sujet en débat”, a reconnu le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.
Dans le contexte de la réforme du Fonds de soutien, “la Commission est d’avis que nous devons examiner la politique de taux d’intérêt, à cause de la réalité (du problème) de soutenabilité de la dette”, a renchéri M. Rehn.
La Grèce, qui espère un allongement de la période de remboursement de son propre prêt, est aussi concernée.
En l’état toutefois, “il n’y a pas d’accord pour baisser les taux irlandais”, souligne une source diplomatique européenne, pour qui il ne faut pas non plus aboutir à “récompenser l’absence de vertu” budgétaire.
De plus, certains pays, France et Allemagne en tête, pourraient exiger des contreparties de Dublin dans le domaine hyper-sensible de la fiscalité.
Le taux de l’impôt irlandais sur les bénéfices des entreprises, à seulement, 12,5%, est depuis longtemps dans le collimateur de plusieurs pays européens qui le considèrent comme du dumping fiscal et un encouragement aux délocalisation de leurs sociétés dans l’île.
Paris avait déjà fait pression sur Dublin au moment de l’adoption du plan d’aide l’an dernier. L’Irlande s’y était alors catégoriquement opposée.
Mais le sujet pourrait rebondir. Paris et Berlin militent à présent en faveur d’un “pacte” pour mieux coordonner les politiques économiques nationales et renforcer la compétitivité européenne.
Dans ce cadre, les deux pays ont évoqué la nécessité d’améliorer la convergence fiscale. Et la France s’est dite favorable à l’instauration d’un “taux minimal d’imposition sur les sociétés” dans la zone euro, ou à défaut à une harmonisation de l’assiette pour cet impôt dans l’UE. Sur ce dernier point, Bruxelles compte bientôt faire des propositions.