Energie : 87 pays se dotent d’une charte pour enrayer la volatilité des prix

photo_1298395449171-1-1.jpg
à Ryad le 22 février 2011 (Photo : Fayez Nureldine)

[22/02/2011 17:27:14] RYAD (AFP) Près de 90 pays, représentant 90% de la demande et de la production de pétrole et de gaz dans le monde, ont signé mardi à Ryad une charte visant à renforcer le dialogue entre producteurs et consommateurs pour accroître la transparence et la stabilité des marchés énergétiques.

Alors que les prix du brut s’envolaient mardi au-dessus de 108 dollars le baril à Londres, la réunion de Ryad n’a pas abordé directement l’impact sur les marchés de la vague de violences libyenne.

Cependant, en marge de la conférence, plusieurs ministres des pays de l’Opep (Koweït, Emirats arabes unis, Arabie saoudite) ont déclaré que le cartel serait prêt à réagir si cela s’avérait nécessaire, tout en estimant le marché actuel encore suffisament approvisionné.

Les signataires de la charte, préparée sous l’égide du Forum international de l’Energie (IEF), se sont engagés à coordonner leurs politiques et leurs efforts pour combattre la volatilité des prix énergétiques, notamment en renforçant la fiabilité des statistiques du secteur.

“87 Etats ont déjà approuvé la charte de l’IEF, et nous attendons la confirmation de cinq autres Etats”, a conclu le prince Abdelaziz ben Salman ben Abdelaziz, adjoint du ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi, lors de la clôture de la réunion de Ryad.

photo_1298395501662-1-1.jpg
étrole Ali al-Nouaïmi à Ryad le 22 février 2011 (Photo : Fayez Nureldine)

Bien que non contraignante, “cette charte apportera une nette amélioration au dialogue et à la coopération entre les différentes parties”, en précisant les règles de fonctionnement du Forum, a abondé M. Nouaïmi.

L’IEF réunit régulièrement depuis 20 ans les ministres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et les pays consommateurs de l’Agence internationale de l’Energie (AIE), auxquels se sont ajoutés la Russie, la Chine, le Mexique, le Brésil, et nombre de pays en développement.

Le principe d’une charte avait été décidé lors de la 12e édition du Forum en mars 2010 à Cancun, et plusieurs ateliers techniques ont associé depuis l’AIE et l’Opep pour la finalisation du texte.

“On a pu parler de l’IEF dans le passé comme d’une grande foire aux discussions” sans réalisations substantielles, “mais avec cette charte, le Forum dispose d’un agenda formel et d’une ligne de route bien plus claire”, avec comme priorité “la stabilisation des prix” a commenté le ministre anglais de l’Energie, Charles Hendry.

La question cruciale de la régulation des marchés énergétiques a d’ores et déjà fait l’objet mardi de discussions entre producteurs et consommateurs.

“Il y a une vraie correspondance avec ce que la France promeut au sein du G20, c’est-à-dire la visibilité et la stabilité (des marchés), la lutte contre la volatilité des prix”, a observé à Ryad Eric Besson, ministre français de l’Energie.

La charte en elle-même “fournira un signal positif”, car elle ouvre la voie à des politiques concertées à l’échelle mondiale dans un cadre plus formel, a estimé cheikh Ahmad Abdallah al-Sabah, ministre koweïtien du Pétrole.

Si le dialogue au sein du Forum dispose désormais d’un cadre plus étoffé, l’engagement politique que représente la charte n’est “en aucun cas contraignant juridiquement” pour les Etats signataires, précise toutefois la première section du texte.

“S’il y avait une dimension coercitive, cela restreindrait précisément le dialogue et amenuiserait le rôle du Forum”, a relevé le prince Abdelaziz.

La signature de la charte a par ailleurs été l’occasion pour l’IEF d’appeler à renforcer la Joint Oil Data Initiative (JODI), un projet de base de données “fiables” collectant les statistique pétrolières de 98 pays, et qui sera étendue cette année au marché du gaz naturel.

“La bonne nouvelle, c’est que les résultats de JODI se sont améliorés ces deux dernières années; la mauvaise, c’est qu’on a désormais atteint un pallier” d’où on ne progresse plus, a expliqué Noé van Hulst, secrétaire général de l’IEF, déplorant le délai parfois long de la collecte des données auprès des Etats.