«La Commission sur la réforme politique et la transition démocratique a été créée sous le règne de Ben Ali»…. «La Commission veut s’approprier le droit de décider de l’avenir du pays…». «La Commission veut être seule maîtresse à bord pour ce qui est de la révision ou de la refonte de la Constitution, elle aurait écarté les partenaires sociaux, les représentants de la société civile, ceux des partis, et voudrait même décider de tout sans l’approbation du peuple». «La Commission aurait pris position quant à la révision du premier article de la Constitution qui stipule que la religion de l’Etat est l’islam et aurait même exprimé son désir pour un Etat laïc…» ….Pire, Yadh Ben Achour, président de la Commission aurait même démissionné, ainsi que deux autres membres, lesquels, bizarrement, n’en ont jamais fait partie…».
C’est fou, à quel point certains peuvent faire preuve de créativité, d’imagination dès lors qu’il s’agit d’intox… A qui la faute? Un désir de nuisance ou un manque de professionnalisme de la part de certains médias?…
Yadh Ben Achour a déploré cet état des choses et à tenu à le mentionner en premier lors de la conférence de presse, organisée mercredi 23 février, pour éclairer l’opinion publique sur la mission de la Commission, ses objectifs et son plan de travail.
Il a voulu se montrer rassurant. «Nous sommes d’accord sur les principes, nous voulons tous un Etat démocratique, pluraliste, juste et libre. S’il ne s’agit que de divergences sur les moyens d’y parvenir, mettons-nous au travail, et essayons d’arriver ensemble main dans la main à bon port», a-t-il indiqué.
La Commission n’a aucune prétention d’aucune sorte et ne veut en aucun cas se substituer au peuple; elle ne décidera aucunement et toute seule de l’avenir du pays. Elle est consultative, son rôle se limite à suggérer ses points de vue et ses propositions au peuple, après concertation avec les forces vives du pays constituées des partis politiques, ceux reconnus et non reconnus, des associations, des ONG, des figures nationales et de l’opinion publique.
Les rumeurs émanant de part et d’autre ne font que nuire à l’évolution du travail de la Commission et l’empêchent de mener au mieux sa mission.
Des rumeurs nourries par les séquelles de l’ancien régime qui ne disparaitront pas de sitôt. Ceux qui ont «régenté» le pays, pendant des décennies, ont brisé la confiance et la foi des Tunisiens en leurs gouvernants. L’ancien régime n’a pas uniquement spolié les biens publics et hypothéqué le pays, il a détruit la crédibilité de toutes les instances «officielles» et a rendu aujourd’hui si difficiles leurs rôles et pas seulement celui sur la réforme politique. Il s’est attaqué à l’intégrité physique et morale des individus et a cassé leur aspiration pour un possible avenir démocratique et libre.
Le premier droit de l’homme est celui de la vie et de la préservation de son intégrité physique, ce qui a été violé sous l’ancien régime. «Nous ambitionnons un Etat démocratique, non pas dans le discours mais dans la pratique, par la loi, par une Constitution qui assure et garantit le droit des Tunisiens à la liberté, à l’expression, au pluralisme. La Commission vise en premier lieu à assainir l’ancien système des lois qui ont légalisé les pratiques de peur et de terreur par le moyen d’une Constitution minée et viciées par des révisions et des abrogations depuis 1959 dans le but d’exclure toute espèce d’opposition et de libertés politiques», a précisé M. Ben Achour.
Rien n’a échappé aux experts juristes de Ben Ali, tout a été souillé par leurs manipulations malsaines des lois sur les associations, des lois sur les partis politiques aux codes électoral, pénal, en passant par le code de la presse.
Un travail en profondeur attend donc la Commission qui doit déminer tout un système de tous les petits pièges et des lois scélérates dont il fut truffé tout au long des 50 dernières années.
Le premier droit est celui à la stabilité
Pour réussir la transition démocratique, le peuple doit reprendre confiance et approuver les partis politiques, toutes tendances confondues, les ONG et les partenaires sociaux. Tout comme il faudrait également donner du temps au temps.
La Commission tient à agir en toute transparence et sans aucune espèce de préjugé. «Ce que nous voulons, c’est nous entendre sur les moyens qui nous permettront d’atteindre nos objectifs et les principes que nous partageons tous. Nous tendons tous vers la réalisation d’un Etat de droit, de justice, de légalité et de légitimité. Nous voulons tous vivre en démocratie, et en démocratie il n’y a pas de victoire totale ou de défaite totale. C’est ce que nous appelons l’aléa électoral, lorsqu’il n’y a pas de défaite absolue et non plus de victoire absolue».
Les forces politiques participeront toutes aux négociations avec la Commission de la réforme politique et à l’élaboration de l’avenir démocratique du pays. «Le premier droit d’un peuple est celui à la stabilité. Car il n’y a pas de liberté sans paix et sans stabilité, l’anarchie mène au chaos», indique M. Ben Achour. D’où l’importance d’un consensus et d’une entente pour arriver à bon port.
Le peuple tunisien intelligent, qui a prouvé sa perspicacité, doit prouver au monde entier sa capacité à atteindre son objectif ultime, à savoir un pays démocratique basé sur un Etat de droit. «La révolution a refait le cerveau politique du Tunisien, elle n’a pas seulement renversé un régime politique, elle a changé notre perception de la chose politique et notre structure mentale, ne perdons pas ces acquis par des différences sur les moyens à mettre en œuvre pour arriver à bon port», a assuré M. Ben Achour.
Aujourd’hui, on mesure le degré de civilité d’un pays par sa capacité à réaliser des élections libres et transparentes. Pour y arriver, un degré minimum de confiance est nécessaire, remettre en cause l’intégrité et la probité des membres de la Commission peut être nuisible à plus d’un titre.
Yadh Ben Achour a promis de comprimer au maximum le temps comprenant l’élaboration et la mise à la disposition des différentes parties prenantes en Tunisie de toutes les propositions des experts et des membres de la Commission. Dans une démarche consensuelle, la Commission sur la réforme politique et la transition démocratique s’oriente vers une formule comprenant deux comités, l’un formé des experts et l’autre des personnalités nationales, ONG, partis politiques, syndicats, ordres des avocats et des magistrats ainsi que le comité du 14 janvier pour la protection de la révolution tunisienne avec lequel des négociations sont engagées pour qu’il fasse partie du comité consultatif.
Le processus pour l’élaboration des nouvelles règles constitutionnelles se fera donc conformément aux attentes du peuple tunisien. «Nous veillerons à ce que le processus soit transparent et participatif. Les régions seront bien entendu associées aux tractations. La Commission s’y déplacera pour des entretiens sur place», promet M. Ben Achour.
Plus de mensonges, plus de fraudes et plus de falsifications. La Constitution qui sera promulguée en Tunisie doit être la plus représentative des désirs des Tunisiens de vivre dans un pays libre et démocratique et garante de la suprématie de la loi sur tout et tous.