«Un établissement comme le groupe Banque de l’Habitat (BH) a servi, entre autres, de marchepied aux sociétés appartenant aux proches du président déchu sauf que ces crédits accordés ne représentent aucun risque final sur la BH», estime Brahim Hajji, président-directeur général de la BH lors de la communication financière organisée le 23 février 2011 au siège de la Bourse de Tunis.
Des sociétés comme Carthage Cement, FORD, ENNAKL Automobiles ou Tunisie Sucre doivent continuer leur activité et les banques tunisiennes devront financer davantage ces projets afin de préserver les emplois. M. Hajji en est convaincu et en a fait la démonstration.
Le total des engagements de la BH vis-à-vis des sociétés appartenant aux proches de l’ancien président ont atteint 231,5 millions de dinars dont 28 millions de dinars accordés à Carthage Cement, 45 millions de dinars pour le concessionnaire de voitures FORD et 28 millions de dinars pour le projet Tunisie Sucre.
Par ailleurs, le PDG de la banque a indiqué que 40 millions de dinars (dont 6 millions de dinars de Belhassan Trabelsi) de dépôts chez la BH, appartenant à des membres de la famille Ben Ali ainsi que leurs proches, ont été gelés.
Le problème de la gouvernance !
Répondant à une question concernant les méthodes de gestion pratiquées par l’ancien gouvernement au niveau des banques publiques, M. Hajji a précisé que les procédures imposées par les anciens responsables du ministère des Finances et du Premier ministère représentaient un handicap pour le bon fonctionnement des entreprises publiques en général et les Banques publiques en particulier.
«En tant que PDG de la BH, je n’avais pas la possibilité de signer même un ordre de mission d’un responsable de la banque sans passer par le ministère des Finances et le Premier ministère. Certaines procédures ont pénalisé la gestion de la Banque. En fait, la révolution tunisienne permettra de pratiquer une meilleure gouvernance des banques publiques surtout dans un secteur très concurrentiel», précise M. Hajji.
Par ailleurs, le PDG a souligné que le recrutement dans le secteur bancaire public a été bloqué ces dernières années. «Le taux de renouvellement du personnel n’a pas dépassé 0,5% au cours des 5 dernières années dans les différentes banques publiques tunisiennes, tandis qu’à l’échelle internationale ce taux varie entre 6 et 7%», explique M. Hajji.
Résultat net en régression
Du côté des chiffres, la Banque de l’Habitat a dégagé au terme de l’année 2010 un Produit Net Bancaire (PNB) de 194,3 millions de dinars, soit une hausse de 4,2% par rapport à l’année 2009.
Quant aux ressources clientèle, le total des dépôts est passé de 106,3 millions de dinars à 3361,3 millions de dinars au 31/12/2010, soit une évolution de 3,3% par rapport à la même date de 2009.
Affecté par l’évolution de 22,7% des dotations aux provisions, le résultat net de la BH a enregistré une baisse de 16% par rapport à 2009 pour atteindre 44,8 millions de dinars contre 53,3 millions de dinars au 31/12/2009.