Sarkozy à Ankara pour une visite de travail sur le G20

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ée (Photo : Lionel Bonaventure)

[25/02/2011 06:21:06] PARIS (AFP) Nicolas Sarkozy effectue vendredi une visite de travail à Ankara pour parler “essentiellement” du G20, présidé cette année par la France, mais ne devrait pas échapper à la question de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, dont il est l’un des opposants les plus déterminés.

Selon l’Elysée, cette visite –la première d’un président français depuis celle de François Mitterrand en 1992– est avant tout “dédiée aux dossiers du G20”, le forum des principales économies auquel appartient la Turquie, 17e puissance mondiale.

M. Sarkozy, accompagné de son ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire, arrivera à Ankara à 13H30 et en repartira en fin d’après-midi. Si le programme de cette visite est “simplissime, son ordre du jour est dense”, dit-on dans son entourage.

La visite débutera par un entretien en tête-à-tête, puis un déjeuner, avec le président Abdullah Gül. Les deux chefs d’Etat tiendront ensuite, à 16H00, un point de presse conjoint. En fin d’après-midi, après avoir été déposé une gerbe au mausolée d’Atatürk, le père de la Turquie moderne, le président français s’entretiendra avec le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, à la suite de quoi les deux hommes publieront chacun une déclaration.

Ce sera le quatrième entretien des deux dirigeants, qui ont déjà eu l’occasion de discuter en marge de l’assemblée générale de l’Onu en septembre 2007, à Damas en septembre 2008 lors d’un “sommet à quatre” (France, Turquie, Liban, Syrie) sur le processus de paix au Proche-Orient, puis en marge du sommet du G20 de Washington en novembre 2008.

Ankara a déploré un déplacement “très court”, “seulement cinq ou six heures”, ce à quoi Paris rétorque que la visite de M. Sarkozy à Washington en janvier, également dans le cadre de sa tournée G20, n’avait elle aussi duré qu’une après-midi. Et Barack Obama ne s’en était “pas senti offensé”, a-t-on argué.

Comme il l’avait fait auprès du président américain, et avant lui auprès des dirigeants chinois et indien, fin 2010, Nicolas Sarkozy exposera à nouveau les priorités de sa présidence du G20 : réforme du système monétaire et de la gouvernance internationales, lutte contre “l’extravagante” volatilité du prix des matières premières.

La Turquie devrait être attentive à ces chantiers, alors que le Fonds monétaire international –tout en saluant sa croissance vigoureuse (8% en 2010, 4,5% en 2011)– vient de la mettre en garde contre les déséquilibres de son économie en raison d’un secteur financier trop peu surveillé.

Au-delà du “dialogue approfondi” souhaité avec Ankara sur ces questions, l’Elysée affirme que d’autres sujets seront “bien sûr” abordés: adhésion de la Turquie à l’UE et situation dans les pays arabes notamment.

Sur le premier point, Paris et Ankara ne pourront que constater, une nouvelle fois, leur désaccord, Nicolas Sarkozy, tout comme la chancelière allemande Angela Merkel, étant fermement opposé à l’intégration européenne de la Turquie, lui préférant l’idée d’un “partenariat privilégié”. “Après une période de vraie difficulté en 2007” à ce sujet, la France et la Turquie ont toutefois depuis “renouer une relation amicale”, affirme l’Elysée.

Les révoltes populaires arabes –un sujet d’autant plus sensible à Ankara que 25.000 Turcs travaillent en Libye notamment– devraient être longuement abordées.

Selon Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique de M. Sarkozy, “le président de la République sera très heureux d’écouter les analyses” d’Ankara, d’autant que “la Turquie est une grande démocratie où l’islam a toute sa place” et pourrait donc servir de modèle aux pays arabes en crise.