Après Ben Ali, des enquêtes ouvertes sur les biens de Kadhafi et Moubarak en France

photo_1298641904249-4-1.jpg
à Rome (Photo : Christophe Simon)

[25/02/2011 17:34:57] PARIS (AFP) Le leader libyen Mouammar Kadhafi et l’ancien chef d’Etat égyptien Hosni Moubarak sont à leur tour l’objet d’enquêtes visant à identifier et geler leurs biens en France, comme l’a déjà été l’ex-dirigeant tunisien Zine El Abidine Ben Ali.

Le parquet de Paris a ordonné vendredi une enquête après la plainte déposée par deux organisations non gouvernementales (ONG), Sherpa et Transparency International France, contre les différents membres de la famille Kadhafi.

“Nous prenons les devants dans une période très sensible, car Kadhafi et sa famille pourraient disparaître à tout moment et décider de mettre à l’abri leurs avoirs”, a expliqué le président de TI France, Daniel Lebègue, à l’AFP.

“Nous voulons que la justice française puisse prendre des mesures d’urgence”, a-t-il ajouté, soulignant: “la justice peut ordonner des mesures conservatoires, ce que l’administration ne peut faire sans limite”.

Cette enquête a été confiée à l’office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF).

M. Lebègue a reconnu que peu d’informations étaient disponibles sur la présence de biens de M. Kadhafi et son entourage en France. Il a relevé que deux des fils du leader libyen séjournaient régulièrement en France et pourraient donc y disposer d’un logement.

photo_1298652119584-4-1.jpg
ésident égyptien pris le 13 octobre 2009. (Photo : Attila Kisbenedek)

Selon les deux associations plaignantes, qui citent notamment un article du quotidien britannique The Guardian et un télégramme diplomatique américain dévoilé par WikiLeaks, la fortune de la famille Kadhafi se chiffre “en milliards d?euros, répartis dans plusieurs pays”, le leader libyen et ses proches contrôlant des pans entiers de l’économie libyenne.

De son côté, l’Union européenne a trouvé un accord vendredi pour un embargo sur les ventes d’armes et de matériel de répression, ainsi que des gels d’avoirs et des interdictions de visas à l’encontre de M. Kadhafi et de ses proches. Les Etats-Unis ont pour leur part demandé aux banques d’être vigilantes sur les mouvements de fonds de dirigeants libyens.

Le parquet de Paris a également ordonné une enquête après une plainte similaire déposée par Sherpa et une association égyptienne, contre l’ex-chef de l’Etat Hosni Moubarak et son entourage pour recel de détournement de fonds publics.

Sur le plan diplomatique, la France est saisie depuis mardi d’une demande officielle égyptienne “de gel des avoirs, comptes et biens” de l’ex-président et de son épouse, ainsi que de ses deux fils et de leurs épouses. Le gouvernement français a dit vouloir y répondre favorablement.

photo_1298655137661-4-1.jpg
ésident gabonais Omar Bongo à son bureau en 1982 à Libreville (Photo : -)

Le 15 février, la France avait déjà demandé aux opérateurs financiers de signaler tout mouvement suspect autour des avoirs égyptiens de l’ancien président et de son entourage.

Les ONG disposent de peu d’informations sur le patrimoine de M. Moubarak en France, contrairement à celui de l’ex-dirigeant tunisien Zine El Abidine Ben Ali, objet d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris fin janvier.

Dans toutes ces procédures, l’objectif des ONG est d’obtenir à terme la restitution des biens détournés aux pays concernés.

La procédure la plus ancienne concerne une plainte visant le patrimoine immobilier et mobilier en France de trois chefs d’Etat africains – Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema de Guinée équatoriale et le défunt chef d’Etat gabonais Omar Bongo Ondimda.

A l’issue d’une longue bataille judiciaire, deux juges d’instruction ont été désignés en décembre pour enquêter sur ces biens.