Le suisse ECC veut inonder l’Europe de capsules à café compatibles Nespresso

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entreprise (Photo : Philippe Desmazes)

[25/02/2011 17:26:03] ZURICH (Suisse) (AFP) Après s’être attaqué au monopole de Nestlé en France, la petite société suisse Ethical Coffee Company (ECC) veut inonder le marché européen avec ses capsules de café compatibles avec les machines Nespresso, a annoncé vendredi son patron Jean-Paul Gaillard.

ECC, dont le siège est à Fribourg dans l’ouest de la Suisse, veut s’implanter sur le marché helvétique d’ici à l’automne, a expliqué dans un entretien à l’AFP le fondateur et PDG de la société, le Suisse Jean-Paul Gaillard.

“D’ici trois ans, nous serons implantés sur le marché européen, notamment l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Belgique, en nouant à chaque fois des partenariats avec la grande distribution”, a-t-il précisé.

ECC, fondé en 2008, a lancé en France l’année dernière ses capsules de café compatibles avec les machines Nespresso en s’alliant au distributeur Casino. L’américain Sara Lee s’est également lancé dans la bataille des dosettes avec sa marque Maison du Café.

Pour soutenir sa nouvelle stratégie, ECC va renforcer ses capacités de production.

A côté d’une première unité de production à Annemasse (Haute-Savoie), la société va “ajouter deux nouveaux sites dans la région”, selon M. Gaillard, qui a dirigé Nespresso de 1989 à 1997. “L’objectif est d’avoir à terme trois usines qui produiront plus de 4 milliards de capsules par an”, a-t-il ajouté.

L’enjeu est de taille, car Nespresso, à lui seul, a réalisé l’année dernière plus de 3 milliards de francs suisses (2,3 milliards d’euros) de ventes, une croissance de plus de 20%.

Et le géant de l’alimentaire n’est pas prêt à se laisser faire. En juin 2010, Nestlé a attaqué Sara Lee en France pour violation de son système de cafetière à dosettes. Un mois plus tard, sa filiale Nespresso a lancé des poursuites judiciaires contre ECC et Casino pour violation de brevet.

Face à ces attaques, M. Gaillard s’est montré serein. “Les plaintes de Nestlé contre ECC concernent des brevets sur des machines à café, or nous ne fabriquons pas de machines”, a-t-il souligné.

Mais Ethical Coffee Company a contre-attaqué lundi en saisissant le gendarme helvétique de la concurrence, estimant que “Nestlé cherche à priver le consommateur de son droit d’utiliser d’autres capsules”.

Selon le patron d’ECC, “Nestlé mène un combat d’arrière garde” et le géant de l’alimentaire “prend de très gros risques en empêchant le consommateur de choisir librement”.

Contacté par l’AFP, Nespresso n’était dans l’immédiat pas disponible pour commenter ces déclarations.

Mais M. Gaillard, qui a quitté Nestlé en 1998, dit ne pas vouloir prendre de revanche sur son ancien employeur. “Je voulais faire des choses nouvelles et construire quelque chose”, a-t-il expliqué.

Le patron de la société suisse, qui a levé environ 75 millions d’euros auprès de grands actionnaires comme la banque Rothschild, défend une approche fondamentalement différente de Nestlé.

“Ethical Coffee Company n’a pas de boutique, pas de +bling-bling+ et vous ne verrez jamais chez nous (l’acteur américain) George Clooney faire de la publicité”, a-t-il lancé.

Nestlé a pour sa part fait état de sa confiance. “La concurrence ne nous fait pas peur”, avait ainsi affirmé le directeur général Paul Bulcke, au cours de la présentation des résultats annuels du groupe le 17 février.

Et pour cause. Le groupe helvétique mise sur un nombre croissant de boutiques dans le monde, qui devraient passer de 215 fin 2010 à près de 250 à la fin de l’année.