Je ne sais pas si c’est un rêve. Mais il paraît que le rêve est permis désormais. Nous avons déclenché un mouvement qui ne va pas s’arrêter de si tôt, et qui va, probablement, bouleverser le visage du monde de demain. Celui du troisième millénaire.
Le monde arabe est en ébullition. Il fallait la première étincelle pour que la flamme s’allume et que le feu prenne. Il a pris. Il a bel et bien pris. Et Dieu merci.
Les jeunes qui sont la matrice du pays, qu’on croyait désœuvrés, irresponsables, fainéants, et sans repères, ont allumé le feu. Des jeunes qui étaient dans un vide idéologique, qui cherchaient du sens, qui avaient de l’énergie à en revendre, mais qui étaient chômeurs, victimes de diverses injustices sociales, et j’en passe.
Voila qu’ils remplissent ce vide par la plus enivrante des idéologies, celle de la révolution, et quelle révolution…celle du peuple, celle des jeunes, celle du Facebook. Quel outil formidable et révolutionnaire, ce FB.
Dans toute l’histoire de l’humanité, en inventant l’écriture d’abord, l’imprimerie ensuite, et l’image après…les outils -et les technologies- du partage et de la diffusion de l’information et de la connaissance ont été précurseurs des grandes mutations.
FB est plus qu’un passe-temps. Nous l’avons compris à présent.
C’est un formidable outil de démocratisation de l’information d’abord, et de diffusion de la démocratie ensuite. Tout le monde peut être acteur avec cette technologie. Les médias de masse n’ont plus le pouvoir, ni la crédibilité qu’ils avaient avant. Le citoyen lambda dispose désormais d’un pouvoir global. Global parce qu’il peut toucher, agir et provoquer des choses, au niveau de la planète. La planète est le nouveau terrain de jeu. Exit les frontières des Etats, des groupes sociaux et autres. Bienvenue dans l’ère FB.
Les circonstances nous offrent une conjoncture formidable. Je suis positive, je me sens pousser des ailes, et je pense que le plus beau reste à venir. Tout est possible à présent. Nous avons repris confiance. Un nouveau ciment social est là, c’est le sentiment citoyen. Nous nous réapproprions le drapeau et l’hymne national, et comme c’est magnifique.
Nous étions un peuple déprimé, qui ne sourit pas dans la rue, un ensemble de visages sombres, qui courent et courent…Les gens sourient aujourd’hui dans la rue, s’embrassent et se parlent. Les plats, les cafés et les petits gâteaux circulent entre les immeubles lors des veillées des premiers jours d’après le 14, pour protéger les biens et les gens.
On aime ce pays parce que c’est le nôtre, pas celui de Ben Ali. On sort de la dépression, on a envie de vivre. On a envie de construire.
Tous les incidents qui arrivent ici et là, du mauvais usage de la liberté ou de la démocratie, ne me font pas peur. Je crois que c’est un nuage sombre et qui passera bientôt. Un enfant tombe et se bouscule avant de marcher et de courir.
Nous avons l’essentiel, la confiance, l’envie et l’euphorie collective, qui font qu’un peuple marque l’Histoire. La caravane de Sidi Bouzid, et celle de Kasserine bientôt, voilà les témoins du nouvel élan.
Tout est possible maintenant. Non ce n’est pas un rêve.
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