Le Colonel Kadhafi nous a offert, dans sa folie meurtrière, une occasion en or de nous rappeler que les grandes révolutions sont fragiles et qu’un élan de solidarité ne peut pas venir à bout de tous les enfers -tous les enfers sont d’ailleurs pavés de bonnes intentions…
Ainsi en est-il des actions en cours à plus d’un niveau dans le pays et où on retrouve en même temps la bonne foi mais également tout ce qu’on peut craindre d’arrière-pensées et des petits calculs entre amis que nous connaissons tous…
Il n’est en rien contrerévolutionnaire de dire à certains les quatre vérités comme il se doit. La volonté des gens du bassin minier de travailler et d’atteindre un minimum de justice sociale ne doit pas nous empêcher de leur dire que demander à la Compagnie (des phosphate de Gafsa) d’employer plus de 8.500 personnes d’un seul coup est simplement une idée qui ne se pose pas dans tous les cas de figure. De leur dire également qu’afficher la volonté d’interdire tout recrutement des originaires des autres régions dans la compagnie est une idée non républicaine et suicidaire. Simplement en comptant combien de Gafsiens travaillent ailleurs qu’à Gafsa, et si les autres font la même chose, qu’est-ce qu’on fait?
Il n’est pas du tout contrerévolutionnaire que de dire que les petites (ou grandes?) manipulations qui se trament autour des jeunes en sit-in à La Kasbah peuvent nous induire tous dans une impasse catastrophique.
Il faut prôner la discussion et non l’exclusion, le compromis (il existe des compromis révolutionnaire aussi) et non le jusqu’au-boutisme. Nous entendons et voyons des jeunes gens très bien intentionnés qui revendiquent la dissolution des deux Chambres du Parlement sans savoir que ça ne se fait pas par un décret et que le président Mbazza lui-même ne peut pas le faire légalement. Nous les entendons demander l’interdiction du RCD sans savoir que l’interdiction d’un parti est une décision de justice et que le dossier est en cours d’instruction.
Il faut leur dire ces vérités pour qu’ils comprennent que leur volonté, avec tous les respects qu’on doit à la volonté de tout citoyen, n’est pas à elle seule l’expression de la nation.
Des milliers de citoyens ont été victimes des exactions de la bande à Zaba, soit politiquement, soit économiquement, soit d’une autre manière. Si aujourd’hui la nation est prête à trouver des moyens pour rétablir la justice, ceci ne se fera pas en un seul jour et pour tout le monde! Il faut savoir patienter sans se renier pour autant mais il va falloir donner du temps au temps …
Les révolutions démocratiques non violentes auxquelles nous voulons que notre révolution soit comparée sont celles du Portugal ou celle de l’Espagne. La révolution des œillets a mis deux ans de transition démocratique, et le changement démocratique en Espagne a mis 3 ans pour accoucher d’un régime démocratique parlementaire.
Alors du calme, du calme…
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