é de Hong Kong, le 11 février 2011. (Photo : Mike Clarke) |
[28/02/2011 07:52:52] HONG KONG (AFP) Plus de 40 ans après son invention au Japon, le karaoké reste l’un des divertissements préférés des Asiatiques, mais il est aussi une étape quasi-obligatoire pour la signature de contrats entre hommes d’affaires.
Le karaoké –qui signifie en japonais orchestre vide– représente pour les Hongkongais un moment d’évasion et l’occasion de se détendre à plusieurs dans un endroit de divertissement, dans cette ville au rythme de vie trépidant.
Près d’un tiers des 1,9 million d’habitants âgés entre 16 et 34 ans de ce territoire très urbain se rendent dans des karaokés au moins une fois par mois, selon le cabinet d’études Synovate Media Atlas.
La popularité de ce loisir se retrouve à peu près partout en Asie, des “box” de Hong Kong aux stands de rue de Manille, en passant par les “noraebang” (salles de chants) de Séoul: les karaokés séduisent dans les petites bourgades et les immenses métropoles du continent.
Ils sont aussi une part importante du rituel accompagnant la conclusion de contrats. Les soirées prolongées tard dans la nuit, souvent bien arrosées, devant un microphone, permettent de bâtir la confiance au-delà des barrières de langue ou de culture.
“En Chine, la relation avec le client va au-delà de la simple signature d’un contrat”, explique un homme d’affaires suisse, qui travaille dans la vente des montres de luxe.
“Si vous êtes en train de conclure une affaire à Shanghai, Tianjin ou Pékin, le client va toujours dire à un moment donné +allons au karaoké+. On chante, on joue aux dés, on boit toute la nuit. Des hôtesses sont là pour prendre soin de vous et la nuit avance peu à peu”, raconte l’homme d’affaires, qui ne veut pas être nommé.
“Je chante toujours Elvis. Très mal, mais je le fais avec sérieux et les Chinois apprécient. Au bout du compte, mes relations avec eux sont meilleures, et mes ventes aussi”, ajoute-t-il.
Ces nuits karaoké “sont obligatoires” à la conduite des affaires dans plusieurs régions de Chine, du Japon ou de Corée du Sud, explique Matthew Chew, spécialiste des cultures chinoises à l’université baptiste de Hong Kong.
“Ce n’est pas seulement pour s’amuser. C’est l’occasion de voir comment vos partenaires commerciaux se comportent lorsqu’ils ont un coup dans le nez. C’est un rituel qui est très observé”, ajoute-t-il.
Certains établissements haut de gamme en Chine proposent d’ailleurs des tables spéciales pour la signature de contrats.
Matthias Woo, auteur hongkongais de pièces de théâtre dont une consacrée à ce divertissement, estime que la popularité du karaoké répond à un besoin profond des Asiatiques.
“En Occident, vous avez des psychiatres, mais en Asie nous ne croyons pas à Freud et les gens ne s’expriment jamais sur leurs problèmes”, souligne M. Woo. “Le karaoké est une manière pour eux d’exprimer leurs sentiments négatifs et les questions personnelles dont ils n’osent pas parler”.