Coût du travail : écart franco-allemand réduit, selon de nouvelles données

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Une usine agro-alimentaire du Nord de la France en 2010 (Photo : Philippe Huguen)

[28/02/2011 19:09:04] PARIS (AFP) La main d’oeuvre française restait globalement un peu plus cher — 2,62 euros par heure — que la main d’oeuvre allemande en 2008, mais pas dans la manufacture, selon des données mises à jour d’Eurostat et de l’Insee.

Le coût horaire du travail dans l’industrie, la construction et les services (hors administration, défense et sécurité sociale) était en 2008 de 31,53 euros en France, pour 28,91 euros en Allemagne.

Mais dans l’industrie manufacturière, il ne dépassait pas 33,16 euros dans l’Hexagone, contre 33,37 euros outre-Rhin.

Une première version de l?enquête sur les coûts de main d?oeuvre menée par l’Insee et transmise à Eurostat avait estimé à 37,41 euros le coût horaire dans la manufacture en France.

L’institut Coe-Rexecode avait notamment cité ce chiffre, et l’écart de 4,04 euros de l’heure entre les deux pays, en janvier, dans un rapport dénonçant la perte de compétitivité face à l’Allemagne.

Dans les conclusions de son chapitre sur le coût horaire, l’institut notait que l?enquête sur les coûts de main d?oeuvre constituait “la source principale d?information sur le niveau, la structure et l?évolution du coût moyen de l?heure de travail dans l?industrie manufacturière en France et en Allemagne”.

Mais il notait aussi que certaines évolutions étaient à considérer avec précaution: “Le coût de l?heure de travail aurait augmenté plus rapidement en France (près de 20 % selon l?enquête). Nous ne retenons pas cet écart qui nous paraît suspect avant d?en mieux connaître les causes”.

“Quelles que soient les incertitudes statistiques, il ne fait aucun doute que le coût de l?heure de travail a augmenté plus rapidement en France qu?en Allemagne depuis dix ans et qu?il s?établit aujourd?hui au moins au niveau du coût allemand et plus probablement au-dessus”, ajoutait-il.

Le ministre de l’Industrie Eric Besson avait aussitôt annoncé le lancement d’une concertation au sein de la Conférence nationale de l’Industrie (CNI) sur cette étude.

Le premier calcul du coût horaire en France avait été fait à partir d’une mesure sous-estimée de la durée du travail dans le pays, l’Insee ayant modifié son dispositif d’enquête depuis 2004: les Français semblaient travailler moins et du coup apparaissaient comme payés plus.

Coe-Rexecode, réputé proche du patronat, avait attribué la perte de compétitivité de la France à la hausse du coût de son travail.

Selon l’Insee, la hausse a été de 13,33% dans l’industrie manufacturière en France et de 8,34% en Allemagne entre 2004 et 2008. Mais c’est véritablement entre 2000 et 2004 qu’elle avait été la plus forte atteignant 21,9% en France contre 8,15% chez son voisin.

“Concernant la hausse du coût moyen de l’heure de travail dans l’industrie manufacturière, nous retenons une fourchette autour de 10-15% entre 2000 et 2010. Or si l’on se fie aux chiffres publiés ce matin l’écart est encore supérieur, de 17,9% sur 2000-2008”, a indiqué lundi à l’AFP Michel Didier, président de Coe-Rexecode.

Dans une tribune publiée lundi par Les Echos, le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a estimé qu’aborder la question de la compétitivité sous le seul angle du coût du travail était “une approche idéologique” et “une erreur d’analyse”.