La liberté retrouvée de la presse tunisienne donne parfois des résultats
détonants, plus proches des scénarios de romans de type à “consommer rapidement
tant que c’est chaud”, qu’autre chose.
Poussés par la vague des
Twitters et
Facebook, certains médias donnent
l’impression de se contenter de courir et de prendre tous les raccourcis (les
bons comme les plus mauvais), et tant pis pour la déontologie, la fiabilité de
l’information, l’essentiel est de sortir l’info la plus croustillante, la plus
vendeuse.., affublée par le plus vendeur des titres, et de préférence en gros et
à LA UNE.
On finit d’ailleurs par croire qu’il s’agit là d’un genre de journalisme à part
entière. L’information est inventée, scénarisée et habillée pour la circonstance
pour faire plus vrai que nature… et ça se consomme bien.
L’autre genre dans lequel on tombe beaucoup plus souvent, c’est d’attraper au
vol l’info la plus croustillante et la plus susceptible de faire le Buzz, et
souvent elle vient tout droit des réseaux sociaux et Hop au four…, là aussi on
oublie de vérifier et d’interroger les intéressés…, mais bon !
Un exemple, l’affaire des coffres de Ben Ali
Dans les premiers scénarios, c’est Ali Seriati qui, sous la torture, a fini par
dévoiler l’existence des ces coffres et a fourni les codes et le mode d’emploi
pour y accéder.
Pour le Canard enchaîné (du 23 février 2011), c’est tout à fait par hasard que
des démineurs, chargés de débusquer d’éventuelles bombes dans le palais
présidentiel de Sidi Dhrif, sont tombés sur le magot, «leurs détecteurs de
métaux se sont affolés à proximité de rideaux et de fausses bibliothèques
dissimulant des coffres-forts pleins à craquer».
Samedi 26 février et sur
ShemsFM, Rachid Tmar, membre de la Commission
d’Investigation sur la Corruption, a dévoilé l’histoire de la découverte de ces
coffres. Il a raconté comment, en cherchant à récupérer tout document pouvant
servir leurs enquêtes au Palais de Carthage, ils ont été informés que Ben Ali
passait plus de temps dans les bureaux de sa résidence de Sidi Dhrif qu’à
Carthage.
A Sidi Dhrif, et en ne trouvant pas grand-chose dans les tiroirs de ses bureaux,
ils se sont dits que Ben Ali ne peut pas ne pas avoir de coffres pour garder ses
documents, et c’est par tâtonnement qu’ils ont fini par repérer les coffres
dissimulés aussi bien derrière une fausse bibliothèque que derrière un miroir et
bien sûr le magot.