«Ce qui se passe sur les plateaux de télévision ne reflète pas la réalité des activités de l’UGTT. Ceci représente la position du bureau exécutif. Ce n’est ni au secrétaire général ni à son adjoint de trancher avec ce qui se passe à l’intérieur des entreprises actuellement. Ceci concerne, en premier lieu, les fédérations syndicales. Ce sont des surenchères desquelles nous nous démarquons complètement. L’entreprise qui a des problèmes sociaux avec son personnel a pour vis-à-vis la Fédération syndicale», lance Habib Hazami, président de la Fédération générale textile/habillement et chaussures au sein de l’UGTT alors que le rôle de la centrale syndicale est de plus en plus contesté, ces jours-ci.
Beaucoup de gens estiment que l’UGTT fait la sourde oreille aux mouvements sociaux qui continuent de bloquer l’activité économique dans plusieurs secteurs d’activité, de part son engagement contesté dans la vie politique. Dans le secteur textile/habillement, le patronat représenté par la FENATEX et la Fédération syndicale ont affirmé leur engagement pour la reprise de l’activité économique. Un séminaire a été organisé, le 3 mars 2011, par le Centre technique du textile pour discuter de la conjoncture nationale et les perspectives internationales 2011. L’inquiétude se lisait sur les visages des industriels tunisiens et étrangers venus nombreux pour participer au débat.
L’incertitude persiste…
L’absence d’un patronat actif et réactif a constitué un handicap face à des revendications sociales considérées irréelles par les entreprises. «Nous avons fait la politique de nos moyens. Notre fédération doit bien nous représenter. On a eu recours à un fort noyau d’industriels afin d’effectuer un travail de propositions et de reprendre les choses en main et de tranquilliser les clients», indique l’industriel Nafaâ Neifar, ayant fait partie du groupe de travail de la FENATEX.
Mais les industriels du secteur se sentent en insécurité totale. L’invisibilité et l’incertitude auxquelles ils font face leur laissent peu d’espoir face à l’avenir, même si le séminaire avait pour objectif d’apaiser la tension et de repenser les perspectives du secteur. «Notre patronat est très fragile. Nous nous sentons seuls et menacés. Pour sortir de cette impasse, il faut construire et être concret», affirme un industriel tunisien. Les industriels étrangers implantés en Tunisie n’ont pas non plus caché leur mécontentement face à une situation assez critique qui les pousse à chercher sous d’autres cieux.
Cap sur les régions intérieures…
Pour un industriel néerlandais, présent depuis trente ans en Tunisie, il est important de jeter un coup d’œil sur les régions intérieures et d’y renforcer les investissements mais aussi la présence syndicale. A Kasserine, par exemple, une vingtaine d’entreprises opère dans le secteur mais la Fédération syndicale n’y esit pas représentée. Ce qui a limité son intervention pour apaiser les revendications sociales. «J’affirme que nous avons un manque d’effectif au niveau des régions. Notre fédération compte seulement neuf membres. Mais nous allons nous déplacer pour négocier et sensibiliser les représentants syndicaux», promet M. Hazami, en ajoutant que «contrairement à l’image diffusée sur les réseaux sociaux, nous œuvrons, de notre côté, à régler les problématiques qui se posent dans les entreprises».
Les responsables du secteur se montrent optimistes, malgré les circonstances. Ayant fait face à plusieurs difficultés conjoncturelles, dont la dernière en date c’est la crise économique mondiale, «le secteur a su maintenir sa position dans l’économie nationale et sur les marchés extérieurs. Il est appelé à continuer son évolution de simple statut de sous-traitant au statut de partenaire développeur, co-traitant et fournisseur de produit fini, et d’étendre la chaîne de valeurs du secteur au-delà de la confection à la fois en amont et en aval», indique Samir Haouet, directeur général du Cettex.
La réactivité et le dialogue…
Des représentants de l’Institut français de la mode (IFM), présents au séminaire, n’ont pas manqué de souligner que l’élan de sympathie envers la Tunisie devrait être exploité pour développer l’activité, d’autant plus que la crise économique profite plutôt aux pays émergents, selon Gildas Minvielle, responsable de l’Observatoire économique de l’IFM. Il souligne que la crise a mis en lumière la fragilité des stratégies des pays développés. «La croissance sera tenue par les émergents. La crise nous a ouvert les yeux. Il est primordial, actuellement, d’accélérer le changement de stratégies puisque les taux de croissance seraient mois soutenus», affirme-t-il.
La réactivité sera donc le mot d’ordre pour relancer l’activité dans le textile/habillement. Jean-Patrice Gros, directeur général de Lectra Maghreb, en est convaincu, en appelant les industriels tunisiens à capitaliser l’élan de sympathie manifesté par les autres pays surtout européens envers la Tunisie.
Le dialogue sera aussi un atout essentiel pour redémarrer l’activité. Les participants au séminaire ont ainsi appelé, dans un communiqué final, l’ensemble des partenaires sociaux et économiques du secteur à déployer tous les efforts dans le sens de la reprise d’une activité normale au sein des entreprises afin de surmonter les difficultés de la conjoncture économique défavorable.
D’autre part, ils regrettent l’absence des médias tunisiens, surtout audiovisuels alors que ceux-ci étaient invités. Pour eux, cette absence dénoterait de l’indifférence manifeste des médias face aux préoccupations des entreprises tunisiennes…