«Le premier chantier auquel je m’attaquerai avec le nouveau gouvernement est de rendre à l’Etat son autorité et sa prépondérance, au même titre, le dossier sécuritaire bénéficiera de tout notre intérêt». Ce sont les premières promesses de Béji Caïd Essebsi, Premier ministre, lors de la conférence de presse tenu au Palais de Carthage vendredi 4 mars 2011.
Le Premier ministre, qui a annoncé la formation du nouveau gouvernement dans deux jours, a appelé le peuple à lui accorder ainsi qu’à son gouvernement un préjugé favorable. «Nous avons tous les mains propres et je vous promets que nous serons aussi transparents, francs et honnêtes que possible, en tant que membres agissants du gouvernement de transition. Car être un gouvernement transitoire ne veut pas dire se croiser les bras et ne rien faire. Nous nous attaquerons sérieusement aux chantiers les plus importants du pays et je peux vous assurer que nous laisserons la Tunisie en meilleur état que celui dans lequel nous l’avons trouvé, car il ne pouvait y avoir pire».
La vie doit reprendre son cours dans le pays, on ne peut pas laisser ce climat d’instabilité durer plus longtemps, a indiqué le Premier ministre qui a fait remarquer que le contrôle de la situation sécuritaire ne se fera pas en une semaine ou deux mais exigera des mois, vu l’état de dégénérescence dans lequel fut laissé le pays et l’appareil sécuritaire. Cela dépasserait même l’entendement. «D’ailleurs, en ce qui me concerne, lorsque le chef suprême des Etats majors déserte un pays en situation de détresse, il est coupable de haute trahison et mérite d’être condamné à mort par une cour martiale».
Quant à la coopération internationale, elle ne pourrait devenir effective et efficace que lorsque le pays redeviendra stable. «Je suis d’ailleurs heureux de voir apparaître les premiers signes d’une reprise en main sécuritaire ces derniers jours».
La deuxième priorité ou promesse du nouveau chef du gouvernement se rapporte à la rupture totale avec l’ancien régime, en faisant en sorte d’être aussi juste et équitable que possible. Il ne faut pas se lancer dans des procès d’intention, ou mettre tout le monde dans le même sac. «Il ne sera pas facile de dépêtrer la soie des épines, mais cela sera fait».
Ceux qui ont commis des infractions, des abus et des malversations seront punis, toutefois, il faut aussi faire la différence entre les «symboles et les pions».
La patience est donc de rigueur, il ne faut pas courir plus vite que la musique et laisser les instances gouvernementales travailler. «Le ministre de la Justice peut engager des procédures contre un Juge mais pas contre 50 juges, c’est de discernement dont nous avons besoin». Il est urgent que le peuple réapprenne à avoir confiance en l’Etat et que les jeunes reprennent de nouveau confiance dans l’avenir.
Ces jeunes dont une grande partie de diplômés, près de 150.000 sont des chômeurs, sans oublier les 80.000 mis annuellement sur le marché du travail par l’Université.
La tâche ne sera pas des plus aisées, l’Etat doit pouvoir se concentrer sur la relance de l’économie. «D’ailleurs, le ministre du Tourisme m’a donné des garanties quant au sauvetage de la présente saison touristique». Aujourd’hui qu’il n’y a plus de raison pour protester et manifester, les temps sont à la reprise du travail. «Car je peux vous assurer que personne ne travaille en Tunisie, ni dans les administrations ni ailleurs alors que nous sommes au bord de l’abîme». Les raisons des protestations ayant disparu, les effets devraient suivre…
Il faut reconnaître que l’Etat a souffert d’un déficit d’image depuis le début de la révolution. Les hésitations et les ambiguïtés qui ont dominé ces dernières semaines, le rapport du gouvernement avec la population menaçait de mener le pays vers le chaos. Béji Caïd Essebsi semble déterminé à remettre les choses au point. «J’ai accepté cette mission parce que je suis sûr de la mener avec succès, je ne suis pas homme à entrer dans des entreprises hasardeuses ou qui risquent d’échouer».
Le président par intérim ayant déjà annoncé la Constituante et le code électoral, le Premier ministre a de nouveau assuré qu’aucun membre du gouvernement de transition ne se présentera aux élections. Quant à la dissolution de la Chambre de députés et du Sénat, il a indiqué que la Constitution n’étant plus valable, toutes les institutions de l’Etat n’existent plus de facto..