Maisons vandalisées, pillées et saccagées. C’est le spectacle désolant que vivent, depuis mardi 1er mars 2011, les habitants des cités Erriadh 1, 2 et 3 -surnommées «la Zone»- de la ville de Ksar Helal. Pour en savoir la ou les causes, nous nous sommes rendus sur les lieux.
La peur et la colère sont lisibles sur les visages des rares personnes que nous avons rencontrées –la plupart des habitants préfèrent se terrer chez eux.
En fait, lesdits actes de vandalisme ont entraîné des accrochages entre les habitants d’Awled Ayar et ceux dits de “la Zone“ (Cité Erriadh). Plusieurs d’entre eux ont été blessés par des armes blanches.
Il est nécessaire de préciser, tout d’abord, que la communauté Awled Ayar vit et travaille à Ksar Helal depuis de nombreuses années. Dans ce cas, deux ou trois questions méritent d’être posées: Quelles sont les causes de ces violences? Pourquoi maintenant? Et qui sont les fauteurs de trouble?
Notre déplacement dans la ville de Ksar Helal, le jeudi 3 mars 2011, visait à obtenir des réponses à ces interrogations. Mais comme on l’a indiqué plus haut, c’est une ville quasi-morte que nous avons trouvée.
Cependant, nous avons essayé de rencontrer quelques habitants pour comprendre ce qui se passe. Il est 15h30 à Ksar Helal, «comme vous le constatez, nous raconte un citoyen, tous les locaux commerciaux et autres boutiques de la ville sont fermés, les habitants vivent entre peur, colère et impuissance». Avant de souhaiter «l’intervention de l’armée et des forces de sécurité ne serait-ce que pendant la nuit».
Après ce constat, nous avons réussi à rencontrer le directeur d’une société de textile-habillement, et qui habite aux environs de la cité Erriadh. Selon M. Rachid, ces actes de violences ne sont pas le fruit du hasard. «Ils coïncident avec l’anniversaire du Parti Néo-Destour, fondé par Habib Bourguiba le 2 mars 1934 à Ksar Helal, devenu RCD en 1988», rappelle-t-il. Puis, il accuse: «des anciens RCDistes et autres Bourguibistes d’être en train de jouer la carte du régionalisme pour semer le trouble dans la zone et de prétendre que les habitants de Ksar Helal seraient des anti-révolution».
Notre interlocuteur va jusqu’à affirmer que ces anciens du régime déchu circulent dans la ville et distribuent de l’argent à des personnes pour semer des actes de vandalisme.
Toujours selon M. Rachid, la communauté d’Awled Ayar, et contrairement à ce que l’on croyait, n’a aucune revendication, sociale ou politique. Les habitants de cette localité n’ont pas demandé le démontage des usines et leur transfert vers d’autres régions; de même, ils n’ont pas tenté de casser la statue de Bourguiba pour la remplacer par celle de Bouazizi», précise M. Rachid.
Par ailleurs, notre interlocuteur a précisé, que quelques locaux de commerce ainsi que quelques maisons ont subi des dégâts après les actes de saccage et de pillage dans la nuit de mercredi à jeudi où au moins 80 personnes ont été blessées.
Enfin, M. Rachid dément catégoriquement les informations publiées par certains médias faisant état du pillage de plusieurs usines; il reconnaît cependant qu’une seule petite usine de confection a été pillée. Toutes les sociétés de la zone continuent normalement leurs activités.
Bien entendu, à cause de l’insécurité régnante et son corolaire, la peur, le taux d’absentéisme, durant cette semaine, est passé à 40%, affirme notre interlocuteur