Premafin : l’autorité boursière italienne contrecarre les plans de Groupama

photo_1299256818818-1-1.jpg
assureur Groupama (Photo : Eric Piermont)

[04/03/2011 16:41:15] MILAN (Italie) (AFP) L’autorité boursière italienne a contrecarré les plans de Groupama en lui imposant le lancement d’une OPA sur Premafin et Fondiaria-SAI comme condition à sa prise de participation dans Premafin, alors que le français avait indiqué qu’il y renoncerait dans ce cas.

Dans un communiqué, l’assureur français a annoncé vendredi qu’il prenait acte de la décision de la Consob selon laquelle “une offre publique d?achat obligatoire devrait être déposée, portant sur les actions de Premafin et de Fondiaria SAI si le groupe, même en tant qu?actionnaire minoritaire, participait à l’opération telle que présentée à la Consob”.

Groupama avait signé un accord fin octobre avec Premafin, holding de la famille Ligresti, dans le cadre duquel il devait prendre une participation de 17,1% pour environ 145 millions d’euros lors d’une augmentation de capital qui doit être lancée d’ici juin.

Concrètement, le français devait exercer les droits de souscription des Ligresti dont la part devait descendre à 34,2% à l’issue de l’opération contre 51% actuellement.

Groupama avait indiqué en outre qu’il envisageait de prendre aussi éventuellement une part directe dans Fondiaria-SAI, deuxième assureur italien contrôlé par Premafin, pouvant aller jusqu’à 17-20%.

Les conditions de l’accord étaient claires: “l?investissement envisagé par Groupama dans le cadre de l?augmentation de capital de Premafin est conditionné à l?absence d?obligation de déposer une Offre publique d?achat (OPA) sur les actions de Premafin et/ou de ses filiales”, rappelle le français.

Groupama indique toutefois qu’il “examinera la situation ainsi créée lorsqu’il sera dûment informé” par la Consob des “motivations de sa décision” avant de faire connaître sa position définitive.

La Consob s’est refusée à tout commentaire mais une telle décision signifie qu’elle a dû juger que l’accord entre Groupama et Premafin pouvait être considéré comme une action de concert modifiant le contrôle du groupe.

Cette décision de l’autorité boursière italienne contrecarre les plans de Groupama, qui considère l’Italie comme un marché stratégique. Selon les observateurs, le Français comptait mettre un pied chez Premafin pour atteindre ensuite Fondiaria-SAI, son véritable objectif.

L’Italie est déjà le marché étranger le plus important pour Groupama avec 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2010, 845 agences et 1,7 million de clients.

En 2009, le groupe s’était fixé pour objectif d’ouvrir 25 nouvelles agences par an d’ici 2012 dans le pays et d’enregistrer une croissance annuelle de son chiffre d’affaires d’environ 20% dans l’assurance vie et d’environ 4% dans l’assurance dommages.

Si Groupama jette l’éponge, la donne se compliquerait pour Premafin et Fondiaria-SAI, qui se refusaient vendredi à tout commentaire.

L’argent apporté par Groupama devait en effet être une bouffée d’oxygène pour les Ligresti.

Cette somme devait notamment leur permettre de participer à hauteur d’au moins 100 millions d’euros à la recapitalisation de Fondiaria-SAI, qui doit également être lancée d’ici juin, destinée à renflouer les pertes de l’assureur qui se sont élevées à 431,4 millions sur les neuf premiers mois de 2010.

A la Bourse de Milan, les actions Premafin et Fondiaria-SAI ont été suspendues pour toute la durée de la séance.