Crise de la dette : le “grand marchandage” entre Européens s’intensifie

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ère allemande Angela Merkel le 4 mars 2011 à Helsinki, en Finlande. (Photo : Martti Kainulainen)

[06/03/2011 14:05:32] BRUXELLES (AFP) Les Européens sont plongés dans un “grand marchandage” avant un sommet de la zone euro prévu vendredi pour renforcer le dispositif face aux crises de la dette, entre les pays qui veulent davantage de solidarité et ceux, comme l’Allemagne, qui mettent l’accent sur la discipline.

“Il y a encore beaucoup de travail à fournir”, a prévenu vendredi la chancelière allemande Angela Merkel.

Les dirigeants conservateurs européens se sont retrouvés vendredi à Helsinki, et les chefs de gouvernements socialistes à Athènes pour préparer ce sommet de la zone euro, prélude à une série de réunions au mois de mars pour mettre au point une meilleure défense contre les crises de la dette.

Les dirigeants de toute l’UE se réuniront ensuite les 24 et 25 mars.

Il s’agit notamment de renforcer le Fonds de soutien financier de la zone euro et de définir les contours du mécanisme permanent appelé à lui succéder à partir de 2013. Mais aussi de se mettre d’accord sur la contrepartie exigée par des pays comme l’Allemagne, à savoir une plus grande discipline budgétaire et un “pacte” pour renforcer la compétitivité européenne.

“On assiste à une partie d’échecs. Les Allemands n’accepteront pas de bouger sur le Fonds de secours si Merkel ne peut pas aller au devant de ses électeurs pour leur dire qu’elle a obtenu des engagements des autres pays à réformer leurs économies. C’est tout l’objet du +pacte de compétitivité+”, a commenté une source proche des négociations.

Le président de l’UE Herman Van Rompuy a fait cette semaine des propositions pour ce “pacte”, qui édulcorent le projet initial présenté en février par Berlin et Paris, mais en reprennent les grandes lignes.

L’Allemagne les a jugé “encourageantes”, et l’idée a été soutenue par les dirigeants conservateurs.

Cependant, son orientation reste discutée. Elle est contestée par les socialistes, qui ont proposé un “plan alternatif”, qui permettrait selon eux de créer huit millions d’emplois en Europe.

“Certains pays trouvent que le pacte n’est pas assez social”, commente un diplomate européen.

Les discussions sont par ailleurs loin d’être closes concernant le Fonds de soutien de la zone euro.

“Le vrai sujet des négociations, c’est le contenu du Fonds à présent. Pourra-t-il ou non racheter de la dette? Accorder des lignes de crédit à court terme?”, souligne la source proche des négociations.

Les Européens se sont déjà mis d’accord pour augmenter la capacité effective de prêt du Fonds et pour élargir sa palette d’outils.

Mais ils butent sur ces nouveaux outils, et notamment sur la question de savoir s’il faut permettre au Fonds de racheter directement de la dette des pays en difficulté sur les marchés.

Les pays européens les plus fragiles, comme le Portugal, considéré comme le prochain candidat à une aide du Fonds, poussent pour renforcer au maximum le dispositif.

Mais l’idée de rachat de dette est contestée en Allemagne, où les pressions se multiplient sur la chancelière pour qu’elle fasse preuve de fermeté face à ses partenaires.

Autre point litigieux: la question d’une éventuelle baisse du taux d’intérêt versé par l’Irlande en échange du prêt de l’UE.

Le futur Premier ministre irlandais Enda Kenny a à nouveau formulé cette demande vendredi auprès des dirigeants conservateurs, réclamant des “ajustements” pour “réduire le coût du plan”, dans le cadre des tractations générales pour réformer le Fonds de soutien.

Mais Mme Merkel a montré sa résistance.

“Il y aura toujours un donnant-donnant”, a-t-elle prévenu, interrogée pour savoir s’il y aurait des mesures pour soulager les pays les plus endettés.

“Si certaines conditions sont possibles, il y a aussi davantage de conditionnalité, davantage d’engagements nécessaires” en échange, a-t-elle ajouté.