Parité dans l’entreprise : cherche administratrice désespérément

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é Euro RSCG Worldwide Mercedes Erra devrait être élue administratice du groupe hôtelier Accor (Photo : Mychele Daniau)

[06/03/2011 19:29:15] PARIS (AFP) Les entreprises françaises fortes d’au moins 50 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel et employant plus de 500 salariés devront compter 40% de femmes dans leurs conseil d’administration en 2017, un objectif ardu qui a incité certains groupes à entamer leur recrutement.

“Le cahier des charges est un peu fou, déjà que le réservoir n’est pas très grand, vous imaginez la difficulté pour une PME basée à Limoges de trouver des femmes administratrices indépendantes pour son conseil”, a déclaré à l’AFP Yves Renaud, directeur exécutif du chasseur de têtes Michael Page Executif Search.

Selon l’INSEE, plus de 2.000 entreprises en France sont concernées par la nouvelle loi.

Seules quelques grandes entreprises du CAC 40 ont commencé à chercher l’administrateur oiseau rare qui doit réunir 3 critères à leurs yeux, a-t-il ajouté: être une femme, être une dirigeante et si possible être étrangère.

“Le groupe PPR a nommé l’année dernière une journaliste française, qui connaît très bien l’Asie, cela prouve bien qu’il est difficile de trouver quelqu’un qui réunit tous les critères”, a-t-il ajouté.

Le leader mondial du luxe LVMH, autre poids-lourd du CAC-40, vient de trouver la perle rare, en la personne de Marie-Josée Kravis, une économiste canadienne, épouse du milliardaire Henry Kravis. Elle siègera aux côtés de Bernadette Chirac et de Delphine Arnault.

Au Club Méditerranée, deux femmes ont fait leur entrée jeudi au conseil d’administration. Il s’agit de la banquière Isabelle Seillier, à la tête de JP Morgan France, et de Christina Jeanbart, représentante de la société d’investissement Rolaco, actionnaire à hauteur de 4,5% du Club Med.

Chez le groupe hôtelier Accor, le conseil d’administration a coopté la dynamique Mercedes Erra, patronne de l’agence de publicité Euro RSCG Worldwide, en tant que nouvel administrateur, qui devrait être élue lors de la prochaine assemblée générale, convoquée pour le 30 mai.

La nouvelle loi sur la parité met en place des quotas de femmes dans les conseils d’administration. D’ici janvier 2014, 20% des membres des conseils d’administration devront être des femmes et trois ans plus tard, en janvier 2017, ce pourcentage devra passer à 40%.

Selon le cabinet Capitalcom, les entreprises françaises du CAC 40 ont déjà pris les devants en 2010, et ont “voulu montrer qu?elles n?attendaient pas le vote d?une loi pour évoluer dans ce sens”.

Le taux de mixité des conseils a ainsi fait un bond, passant de 10% en 2009 à plus de 15% en 2010, se rapprochant ainsi du seuil de 20% requis en 2014.

Après 6 nouvelles femmes administrateurs en 2009, le nombre des arrivantes en 2010 est passé à 30, soit cinq fois plus, selon Capitalcom, qui a passé en revue la composition des conseils.

Selon Carol Lambert, associée au cabinet Deloitte, et experte en matière de gouvernance, il faut aider les femmes voulant assurer des fonctions exécutives dans les entreprises. “Je travaille pour ma part avec European Professionnel Women Network qui organise des formations”, a-t-elle indiqué à l’AFP. “Les femmes compétentes, cela existe !”, lance-t-elle à l’adresse des entreprises qui ont besoin “d’être rassurées”.

“Une femme n’est pas forcément fauteur de troubles au sein d’un conseil, les femmes sont responsables”, précise-t-elle avec humour.

Et de se féliciter que la loi française sur la parité soit “équilibrée et mesurée”. Le délai d?application est long et les sanctions prévues (suppression des jetons de présence) ne touchent pas “à la marche économique des affaires”.

“C’est une vraie opportunité que toutes les entreprises de plus 500 personnes soient concernées, et pas seulement les sociétés cotées, cela peut permettre un changement dans le tissu économique profond”, espère-t-elle.